Peau : l’interview

accroupie

Après deux billets consa­crés à l’album de Peau, son attaché de presse m’a propo­sé de faire une inter­view de l’artiste. J’ai eu peur du ridicule mais l’idée de rencon­trer Peau dans un grand hôtel parisien m’a finale­ment convain­cu et… Ben en fait, comme d’hab, c’est par mail que ça s’est fait.
Alors, déjà, je lis dans le dossier de presse que Peau est un projet de Perrine Faillet, qu’elle a une forma­tion visuelle (et je regrette de ne pas avoir posé de questions là-dessus), qu’elle a réali­sé elle-même sa vidéo visible sur le Web et qu’elle a 28 ans.

L’interview

J’ai eu un peu de mal à vous trouver un tiroir de range­ment. Comment vous consi­dé­rez-vous ? Chanteuse française ? Chanteuse rock ? Pop ? Electro/​pop ?
Peau – Je ne me pose pas trop la question, je prends la direc­tion qui me paraît coller avec le morceau que je crée… Et comme j’ai un penchant pour le rock et l’élec­tro, j’aime prendre ces direc­tions là dans les arran­ge­ments. Mais je ne suis pas une chanteuse rock, encore moins une spécia­liste de l’élec­tro ! En fait, comme beaucoup d’artistes je pense, j’essaye de me trouver ”moi”… Je voudrais bien avoir un tiroir personnel !

Les chansons ont pour dénomi­na­teur commun un travail très poussé sur les textes qui sont à la limite de l’abs­trac­tion. Il y a t‑il d’autres artistes (écrivains, poètes, auteur de chansons…) dont vous vous sentez redevable, qui vous ont donné envie de pousser dans ce sens ? ”les mots me traversent comme des images…”
P – Étonnam­ment, même si j’accorde de l’impor­tance aux mots que je chante, je ne commence presque jamais par le texte quand je fais un morceau. Je cherche avant tout à ce qu’il ”sonne”, quitte à ce que le sens devienne un peu ”obscur”.
De la même manière, quand j’écoute de la musique, je ne cherche pas tout de suite le sens : les mots me traversent comme des images, j’écoute la voix qui les prononce, son timbre, sa manière de les faire vivre. Ce n’est qu’après plusieurs écoutes que je me dis, ”mais au fait ça raconte quoi”? Et si c’est abstrait, ça ne me gêne pas, je me raconte ma propre histoire.
J’aime les mots, surtout quand ils sont très bien écrits et inter­pré­tés, comme dans les disques de Bashung, de Gains­bourg, de Dominique A, de Bertrand Belin, pour n’en citer que quelques uns. J’aime la finesse de leurs écritures, le rapport ludique qu’ils ont avec les mots, avec les sens multiples, les associa­tions d’idées… Mais cela ne va pas sans la musique.
”L’empirisme comme philo­so­phie!..” Quand je m’attelle au texte d’un morceau, je ne me gêne pas pour piocher des phrases à droite à gauche, je compile, trans­forme, je tape des mots sur des moteurs de recherche et je regarde ce qui sort. Bref, je joue avec le hasard pour trouver des pistes inatten­dues. L’empirisme comme philo­so­phie ! Sur mon album, il y a un texte de Jacques Rebotier (la Litanie du coup de foudre). Je connais assez mal la poésie contem­po­raine mais si je ne devais citer qu’un poète ce serait lui.

Votre timbre de voix m’a fait penser à Prince Miiaou mais j’ai peut être rêvé. Est-ce que vous vous situez dans une tendance ”jeune auteuse française” éclec­tique dont la grande soeur pourrait être Camille et la grand mère Brigitte Fontaine ?

P – Je ne connais pas la musique de Prince Miiaou, même si j’en ai enten­du parlé. J’ai pas mal écouté Camille, dont j’aime la créati­vi­té et la fantai­sie. J’aime l’esprit de Brigitte fontaine… ”je suis vieille et je vous encule”, c’est tout simple­ment génial de chanter ça comme elle le fait, avec une sensi­bi­li­té et un bagou qui lui permettent tout. Un peu comme Gainsbourg.
Je pense que je n’échappe pas à une certaine ”tendance” actuelle, mais quoi de plus naturel ! J’écoute ce qui sort, je lis des magazines musicaux, bref je me laisse imprégner !
Pour finir de répondre, j’aime l’éclec­tisme quand il rime avec liber­té, créati­vi­té mais pas quand il rime avec fourre-tout. Je prends des chemins variés mais j’essaye de ne pas perdre ma direc­tion principale.

Est-ce qu’on peut vous voir en concert ? Est-ce qu’on retrou­ve­ra la richesse de l’album sur scène ?
P – Oui… En solo, en duo, en quatuor, avec plus ou moins de simila­ri­tés avec l’album en fonction des formules.
Les infor­ma­tions concer­nant les dates de concerts sont sur la page myspace de Peau : http://​www​.myspace​.com/​p​e​a​u​m​u​sic

Quatre coups de coeur de Peau

When I Grow UpFever Ray qui vous rappel­le­ra qu’il faut laver la piscine avant l’été.

AtlasBattles qui résout élégam­ment le problème des salles de répétition.

Thana­tosSoap & Skin, un peu de terre et d’eau.

Extrait de Dimen­sions of Dialogue de Jan Svank­ma­jer qui confirme que Peau a de la suite dans les idées et qui me fait penser qu’il faut que je lui conseille la lecture de Malher.

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7 commentaires

  1. Une autre multi-artiste que j’aimais beaucoup,elle aussi cachée sous un pseudo,BLESS(Un album magni­fique en 2006,une white scession chez LENOIR)…Si quelqu’un a des nouvelles…Excellente interview(concise);on peut etre auteur et garder cette forme de passion qui conduit à la réflexion.Merci LI AN(Et PEAU)
    J’attends l’inter­view de Laurence,chère coloriste…Non,vraiment,ce serait pas mal.

  2. @Hobopok : c’est prévu. Il va nous parler des problèmes de voisinage.

    @Julien : tiens, c’est une idée intéres­sante, Julien. Je vais garder ça pour la sortie de Gauguin.

  3. Putain Li-An, une fois de plus tu me blases !
    J’ai décou­vert aujourd’­hui cette chanteuse. Elle fait la première partie d’Arno que je voudrais aller écouter et j’vou­lais m’rendre compte de c’que j’allais entendre avant. J’me rends donc sur son site Myspace et c’que j’entends me plait beaucoup. Je cherche ensuite à en savoir un peu plus sur elle et sur quel blog je tombe ?… Deux articles dont une inter­view en plus !
    J’te suppo­sais pointu en zique, même si c’est pas l’aspect de ton blog que j’ai le plus appro­fon­di jusqu’à maint’­nant mais j’crois qu’ça va changer…
    Un p’tit bémol cepen­dant : dans un article, elle est dite Lyonnai­sez, dans un des tiens Greno­bloise (comme moi) ; qu’en est-il ?

  4. Oui, elle est bien Greno­bloise, on me l’a souli­gné :-) Mais elle a dû habiter (ou c’est peut-être encore le cas) à Lyon.
    Pour ce qui est de mes goûts musicaux, il ne faut pas s’attendre à des miracles : je ne fais aucune recherche parti­cu­lière, c’est des trucs faciles à trouver.

  5. Oui, en effet, le lieu de naissance n’a pas une impor­tance capitale dans sa musique :-) Tu diras si le concert était bien :-)

  6. Ben tu déniches quand même des petites perles (j’dis ça parc’­qu’on a des goûts communs (sic) mais aussi qu’t’es un peu plus pointu…)
    En ce qui concerne les racines de ”Peau”, qui sont pas si impor­tantes que ça final’­ment surtout en ces temps troublés (je pense à ce qu’Ap­po­lo a écrit dans son blog), autant pour moi, j’avais pas pris le temps de lire l’autre article que tu lui avais consa­cré, shame on me (d’habi­tu­deje prends le temps de vérifier, corri­ger… avant de poster).
    Tcho

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