Trames (Iain M. Banks – Ailleurs & Demain)

Iain M. Banks développe depuis quelques années un long cycle SF autour de l’uni­vers de la Culture. Imagi­nez dans un lointain futur la commu­nau­té humaine disper­sée sur des vaisseaux intel­li­gents, ayant atteint une espèce d’idéal anarchisto/​socialiste où l’argent a dispa­ru, le corps humain est malléable à volon­té (vous voulez changer de sexe ? Pas de problème. Changer de forme ? Allons‑y), l’immor­ta­li­té quasi atteinte et de toute manière, les vaisseaux vous fournissent tout ce dont vous avez besoin. Évidem­ment, on se demande ce qu’il y aurait de passion­nant à racon­ter là-dessus à part au niveau des possi­bi­li­tés sexuelles… Heureu­se­ment, la Culture est loin d’être seule dans l’Uni­vers. ET agres­sifs ou humains encore au Moyen-Âge pullulent sans compter les héritages obscurs de civili­sa­tion éteintes ou subli­mées voire les artefacts incom­pré­hen­sibles. Pour gérer les uns et amener les autres dans des chemins plus civili­sés, la Culture a créé Contact, une espèce de service secret branché action. C’est autour de cette struc­ture que se construisent les romans du cycle.
Dans ce dernier opus, nous décou­vrons une planète creuse à étages qui abritent plusieurs peuples/​races indépen­dantes. La guerre règne entre deux niveaux féodaux qui viennent d’atteindre l’âge indus­triel. Mais qui a intérêt à ce conflit et qui manipule qui ? Comme d’habi­tude, Banks propose des scènes hallu­ci­nantes. Imagi­ner une cité antique enter­rée et révélée par une chute d’eau gigan­tesque qui la grignote petit à petit, ce n’est pas donné à tout le monde. L’his­toire se répar­tit entre plusieurs prota­go­niste (une jeune femme issue d’un des mondes féodaux et qui a été recru­té par Contact), un jeune noble et son domes­tique et diverses machines. C’est que les machines intel­li­gentes sont des person­nages à part entière dans le cycle, ce qui peut pertur­ber la décou­verte des romans : on a un peu l’impres­sion au début de lire les tribu­la­tions de Nono le petit Robot. Mais une fois digéré le concept, cela ouvre des perspec­tives savou­reuses (un des volumes est peuplé quasi­ment que de vaisseaux intel­li­gents). Le charme de la série vient aussi de la philo­so­phie de la Culture qui n’est pas sans rappe­ler les socié­tés européennes d’aujourd’­hui avec leurs problèmes de confort, de devoir d’ingé­rence, toute une pensée humaniste qui doit se retenir pour ne pas imposer sa vision du monde.

Au final, un opus agréable sans être excep­tion­nel (la fin est très accélé­rée… au profit des personnages ?).

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6 commentaires

  1. J’ai cru comprendre qu’il y aurait une suite, ”Le Seigneur de la Culture” bis ;o)

    L’inter­ven­tion­nisme de la Culture ne se retient pas, du moins pas au grand jour, c’est le rôle dévolu aux Circons­tances Spéciales, plusieurs romans y font référence. Au dessus, les I.A., intel­li­gneces artifi­cielles, surveillent tout l’uni­vers sapiens dans des finali­tés connues d’elles seules.

  2. Ah ben, atten­dons donc de voir s’il y a une suite. L’inter­ven­tio­nisme existe bien mais reste très limité par rapport à la force d’inter­ven­tion de la Culture.

  3. La partie de l’oeuvre de Iain Banks sur ”la Culture” est d’autant plus brillante qu’elle est aussi un moyen de réflé­chir sur le rôle social et poten­tiel­le­ment politique des intel­li­gences artifi­cielles. La preuve par l’exemple : http://​yanni​ckrum​pa​la​.wordpress​.com/​2​0​0​9​/​1​0​/​0​2​/​l​a​n​a​r​c​h​i​e​-​d​a​n​s​-​u​n​-​m​o​n​d​e​-​d​e​-​m​a​c​h​i​n​es/

    • Un billet intéres­sant. Mais il est à remar­quer que la Culture est plus un décor de fond que l’enjeu véritable des histoires. Banks lui-même est conscient des limites du procé­dé qu’il consi­dère comme très optimiste et il fait remar­quer que le système tient par le fait que les Intel­li­gences Artifi­cielles en question ont décidé d’aider l’Huma­ni­té sans qu’on en sache les raisons véritables. On pourra compa­rer ça avec un autre cycle dont j’ai oublié le nom où les machines font la guerre à l’Huma­ni­té (comme dans Termi­na­tor mais en plus ambitieux) ou Hypérion qui voit les Intel­li­gences ouvrir des portes de voyage instan­ta­nées dans tout l’Uni­vers… qui ont un prix.

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