Copenhague, une BD pas tout à fait danoise

copenhague pandolfo risbjerg
copenhague pandolfo risbjerg

Comme je dessine un peu plus, je me découvre avec l’envie de lire un peu plus de nouveau­tés BD. Copen­hague m’a tapé dans l’œil avec un dessin qui m’a rappe­lé quelque peu les années 1990 de L’Association, Corné­lius ou la collec­tion Poisson Pilote.

Du poisson et de la viande à midi

Nana, jeune mère de famille parisienne qui a envie de se changer les idées là, tout de suite, débarque dans une Copen­hague toute retour­née. On a retrou­vé une sirène mal en point dans le port. Voilà Nana coincée dans la capitale danoise, loin de sa fille ado abandon­née à Paris. Seule solution pour déblo­quer la situa­tion : mener sa propre enquête pour retrou­ver le coupable.

J’ai 10 ans

Si le dessin de Terkel Risbjerg m’a beaucoup fait penser à du Blain mâtiné de Blutch, le scéna­rio tangue plutôt vers Sfar : une espèce de légère­té avec des person­nages enfan­tins qui n’ont pas envie de grandir trop vite dans un univers avec une pointe de fantastique.

Enfin, tout ça, je me le suis dit à la lecture de l’album parce que j’ai cru avoir affaire à deux jeunes auteurs danois qui sortaient leur premier album en France. Et, en fait, pas du tout.

Si Risbjerg est effec­ti­ve­ment Danois (ça ne vous étonne­ra pas à la lecture de son patro­nyme), Anne-Caroline Pandol­fo est bien de chez nous et ils ont tous les deux commen­cé à faire de la BD en 2012 chez Sarba­cane. J’ai été bien surpris.

C’est bien, mais pas comme prévu

C’est un album diffi­cile à chroniquer.

Commen­çons par le dessin de Risbjerg. Comme décla­ré plus haut, il est profon­dé­ment influen­cé par la BD post-Assoce. Même notre héroïne ressemble à un person­nage de Satra­pi. Pourtant, on peut diffi­ci­le­ment parler de manque d’originalité. Ça commence par une parade qui s’étale sur dix pages et qui est un véritable tour de force, quelque chose de dynamique et joyeux, sans lourdeur inutile qui annonce bien la tonali­té générale. Les person­nages sont vivants et bien croqués (chiens inclus), certaines scènes et décors sont plus sombres, avec une vraie atmosphère parfai­te­ment rendue. Un vrai plaisir pour moi de retrou­ver la fraîcheur de cette fameuse Révolu­tion BD qui semble de nos jours bien embour­geoi­sée (en fait, bien plus bourgeoise que les généra­tions précédentes).

Pareil pour l’histoire. Je me suis deman­dé qui pouvait partir pour Copen­hague sur un coup de tête comme le fait notre héroïne, mais il y a tout un jeu sur le thème « vous êtes en train de lire une BD danoise » qui justi­fie évidem­ment le concept et qui m’a mysti­fié. Là aussi, c’est la légère­té qui prime. Les person­nages se comportent comme des enfants perdus dans un conte de fée un peu mélan­co­lique. L’enquête policière est pleine de raccour­cis impro­bables, mais ce n’est pas très grave au final, c’est raccord avec l’univers où la logique froide de la réali­té est rempla­cée par des courses poursuite en vélo, où les chiens donnent leur avis, où l’amour s’invite en douce et les coups de chance parfai­te­ment nécessaires.

J’ai râlé parce que je trouvais que la fille de Nana ressem­blait trop à sa mêre et que ça pertur­bait la lecture dans leurs dialogues. Mais, après coup, est-ce que ce n’est pas tout bonne­ment un monologue, la fille d’Anna repré­sen­tant son côté raison­nable dans une inver­sion des rôles ironique ? Je doute.

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La grande sirène

Au final, ça ne sert à rien de chipo­ter. Une BD qui stimule autant mon envie d’en parler est réussie. Je ne sais plus si ce que j’aurais appelé des faiblesses ne sont pas que des manques d’appréciation de ma part et les réussites sont indéniables. Je me suis rappe­lé avoir hésité à acheter le précé­dent ouvrage du duo, Sousbrouillard. Je crois que je vais me laisser tenter. Rien que pour creuser l’originalité de leurs univers.

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6 commentaires

  1. Se laisser tenter ? Hum… une BD qui provoque une telle eupho­rie chez un lecteur exigeant comme Li-An ne peut pas être entiè­re­ment mauvaise.

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