Il m’est arrivé une histoire rigolote il y a quelques jours. Suite à un commentaire sur mon billet du précédent volume de Gus, j’ai réouvert l’album et j’ai commencé à suivre Gus qui rentrait dans une banque, qui voyait une jolie caissière, qui commençait à la baratiner et je n’ai pas pu m’empêcher de soupirer ”Oh noooon, on ne va pas recommencer avec ces histoires de nanas…” et j’ai refermé l’album. Autant dire que je n’étais pas chaud pour acheter ce troisième volume post western et si mon fiston ne m’avait pas baratiné j’aurai passé la main. Et je l’aurai regretté…
Car dans ce nouvel opus, Blain assume mieux le concept western et surtout il traite l’obsessive obsession de Gus pour les femmes comme un comportement hors norme. Il serait temps. Je n’en pouvais plus de ce monde halluciné de donzelles faciles et de gars dirigés par leur quéquette. Voilà donc trois histoires : Ernest raconte la jeunesse de Gus et sa rencontre avec un truand reconverti en propriétaire de saloon et qui n’en peut plus de voir Gus tomber (ou essayer de tomber) toutes les femmes (les prostituées n’étant pas considérées comme ”aimables”, ce qui donne à réfléchir sur la vision de l’amour de Blain. Et surtout, le problème historique que ça pose pour l’amateur de western. Passons). Après avoir échappé à la mort, Gus se convertit au poker où sa réussite exceptionnelle tient au fait qu’il est bien plus préoccupé par la gente féminine que par son jeu. Jusqu’à ce qu’il tombe amoureux (de Carla Bruni si j’ai bien compris). À partir de là, tout se passe mal. Il perd au cartes et n’a plus sa vista de tireur. L’histoire de sa déchéance donne un peu plus d’épaisseur à un personnage qui virait au cartoon. Complètement plumé, poursuivi pour meurtre, il accepte une mission ”western classique”: aider des fermiers à se défendre contre le gros éleveur de bétail du coin. Sur cette base clin d’oeil, Gus se retrouve engagé par une femme qui lui rappelle sa mère et qui n’est pas une intellectuelle blonde et mince (ça nous change) affublée d’ un gamin qui le considère comme un héros mais qui n’arrête pas de souligner ses faiblesses. C’est pour moi le retour d’un grand Blain qui ne se contente pas de développer ses obsessions mais raconte une vraie histoire western avec des personnages plus variés et complexes. Le dessin est toujours aussi spectaculaire avec un personnage élastique et de beaux décors. Vivement le tome 4 :-)
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J’ai aussi trouvé que le Gus T3 était meilleur que les précédents, surtout pour le scénario. Sur le plan graphique, cela ressemble à du ”Morris première manière”, mais je regrette un peu sa période Hop Frog. De toute façon, son style évolue et c’est réjouissant. Christophe Blain est le ”grand classique” des années 2000.
Ah, les grands esprits se rencontrent. Par contre, j’ignore si on peu le classer dans les ”classiques” dans un marché BD complètement morcelé…
je l’ai reçu mais pas encore lu. Mais si je suis bien ce que tu dis c’est l’histoire d’un cowboy qui échappe à la mort et joue au poker (blueberry, le dernier cycle), puis qui perd son habilité à tirer (dumontheuil, big foot), ça va la récupération, hein ! Si en plus après il se met à faire le cowboy et à jouer avec les vaches, vraiment là non vraiment.
Je n’ai pas lu en entier Big Foot. J’ai un gros problème avec l’écriture de Dumontheuil (et du coup, je n’en ai même pas parlé sur ce blog).
rhoo, Dumontheuil ! Rhoo, tout de même ! Rhooo.
Ben,finalement Blain-trés en forme,c’est vrai-s’est basé sur RANCHO BRAVO où les obsessions,les donzelles,les cowboys tourmentés étaient bien en place;le théme est assez fatigant,fort bien repris ici(comme tu le démontres finement)mais fatigant(Isaac son pirate connaissait ça,aussi;il en est resté en cale sèche);quelle belle évolution cela dit,et ”spectaculaire” pour évoquer son dessin est terriblement juste,on le sent chez lui comme le prolongement de son écriture,le résultat-en mouvement-de 10,15 ans de dos courbé(sur la planche).
Tiens, c’est vrai que le rapport à la femme était déjà très présent dans Rancho Bravo (mais c’est un peu obligatoire c’est Blutch) sans le côté coureur de jupons.¨Personnellement, je considère que Isaac est tombé un peu en rade quand les persos ont pris des tournures de super héros. On retrouve d’ailleurs cette thématique dans le tome 2 de Gus mais de manière plus cartoon.
je viens de finir ce tome 3 et je dois dire qu’en effet je rejoins votre avis sur le fait que c’est le meilleur des 3. J’ai bien aimé les deux premiers aussi (le premier faisait plus recueil que longue histoire d’ailleurs) et définitivement j’aime son trait bien dynamique qui sait devenir précis ou pas selon les besoins.
Bon, on est tous d’accord, ça en est presque ennuyeux :-)
Je viens de l’emprunter à la bibliothèque, sans grand enthousiasme, n’étant pas grand fan de Blain ni de Gus, mais ayant déjà lu certains de ses albums par curiosité…
Côté histoire, la première partie (avec l’ex bandit tenancier de saloon)
m’à embarqué. Après cet épisode, cela m’est tombé des mains…
Côté dessin, les personnages épurés ça en jette ; Il manque je trouve toujours un peu de développement graphique en ce qui concerne les chevaux, les décors …
Je redoute ce que deviendrait la B.D avec les futurs auteurs qui commenceraient à se nourrir de Sfar et de Blain au lieu de Moebius et Hermann.…
Je pense que c’est un faux débat. Le problème du dessin réaliste dans la BD s’est posé avec l’abandon de l’apprentissage du figuratif dans les diverses écoles d’Art. Depuis, chacun fait sa petite formation personnelle. On remarquera que les dessinateurs qui sortent de la formation animation sont souvent les plus classiques du fait de leurs études. Et on m’a rapporté qu’à une époque, ”ils” toisaient de haut les dessinateurs de BD considérés comme incultes en anatomie et mouvement. Giraud et Hermann ont littéralement inventé un genre. Ils n’ont pas suivi de formation spécifique (si ce n’est la Jijéenne mais leur dessin est quand mm très éloigné de ce que faisait Jijé en BD), il se trouve qu’ils avaient des aptitudes et une grande curiosité. Je ne vois pas pourquoi les jeunes dessinateurs ne pourraient pas faire aussi bien (s’ils ont le talent).
Commencer par dessiner comme Sfar ou Blain n’a rien de honteux si on est capable de trouver sa propre personnalité. Je suis beaucoup plus frustré par une certaine critique qui semble incapable de reconnaître un dessin pauvre d’un dessin intéressant.
Je n’opposais pas le style de dessin réaliste aux autres. (et encore j’ai failli mettre Chéret en seconde proposition, parce qu’après Giraud,je ne trouvais pas de nom)
Je trouve le dessin de Blain intéressant en ce qui concerne les personnages, et je trouve ses décors et accessoires graphiquement pauvres
‑quite à faire encore le vieux con- bien Loin de ceux de Moriss (de la grande époque).
Les personnages de Blain ont une vrai personnalité, et son far-west manque de poids.
L’inverse de Blanc-Dumont, quoi…
C’est vrai que chez Blanc-Dumont, ce sont les chevaux qui ont de la personnalité (ouf ouf ouf). Je ne serai pas aussi sévère avec les décors westerns. J’ai déjà dit que je trouvais que la série dans les précédents volumes utilisaient le western plus comme un décor qu’autre chose mais je ne le trouve pas plus pauvre dans ce dernier tome qu’un Morris.
C’est vrai que je me suis un peu emporté, avec mes commentaires à l’emporte-pièce !
Il y a dans ce tome de GUS que j’ai parcouru à nouveau hier de superbes atmosphères graphiques et western(la ville sous la pluie, référence à Open Range, non?), la poursuite du groupe de cavaliers, etc…
Mais il n’y a pas UN seul dessin de Colt plus poussé que les autres, (alors que l’ auteur se permet des sautes de style avec des visages plus réalistes).
Le dessin du Colt en couverture, celui tenu par gus quand il menace la fille, ou qu’il apprend à tirer, auraient fait profiter toute l’histoire
d’être réalisés occasionnellement de manière plutôt réaliste.
Que l’on sente le poids, le métal de ces objets, sur quelques gros-plan…
Idem pour quelques accessoires de décor western (portes de saloon, planches de bois, etc…)
par rapport à tout ça j’ai envie de dire que d’une part je pense que ça peut être un peu voulu dans le sens où le genre western est tellement évocateur pour n’importe quel lecteur que tout le monde voit au delà du dessin la ville dans laquelle le perso évolue, les objets etc.
D’un autre côté en refusant de détailler ou de personnaliser les lieux ou les décors, il fait référence en permanence à des archétypes. Peu importe le nom de la ville où on se trouve, c’est une ”petite ville de l’ouest”, il joue avec les codes et s’en sert comme décor pour son intrigue, mais comme décor au sens propre, pas comme d’un univers dans lequel il place ces personnages. Finalement le décor pourrait être en carton dans Gus, ça gêne pas tellement.
Ben,moi,j’aime autant l’envolée d’un BLAIN que le poids,le contemplatif d’un BLANC-DUMONT(avec cette chère et regrettée Laurence Harlé).
Et le western d’un Jean Claude Poirier m’a autant plu que le dessin(ah,y en a qui aime pas,je suis pour ma part entièrement rentré dans son style depuis ”ombres & désirs”)de MARC-RENIER(”black hills”)qui va dans le sens le plus réaliste et évocateur du genre:Poids des manteaux,le choix des tissus qui influent dans la démarche des personnages etc…Est-ce que le genre n’est pas qu’une toile de fond pour BLAIN ?
@kris : bah, ça ne me gène pas particulièrement. La fascination pour le dessin des armes de cette époque peut tourner au ridicule. Dans les Blueb, les armes n’ont pas non plus une grande prédominance. Mais c’est le choix de Blain et je ne trouve rien à redire personnellement.
@julien : oui et non. Les clins d’oeil au genre sont quand même nombreux. Mais il est un peu ”à côté” du genre, il n’y a pas à dire…
ça devrait donner quelque chose de pas mal, le concert de dessin avec Arthur H.
Oui/non. J’ignore si c’est vraiment PASSIONNANT à vivre ou si c’est juste agréable d’assister à une espèce de performance (j’ai pas réservé ma place…).
@ li-an :
Je ne parlais pas d’une fascination des armes en tant que telle.
Il n’y a pas d’utilisation obsessionnelle du portrait non plus chez Gir,
et pourtant trois ou quatre portraits poussés de son héros dans un album
(époque cycle du trésor) suffisaient à nous mettre le personnage en tête.
Blain utilise dans Gus T3 des archétypes du cinéma western : le tireur qui apprend à dégainer, le face à face et le défi par le regard des supers tireurs entre eux…
J’accepte le parti pris de style de l’auteur de Gus, mais je suis certain que sont message serait plus fort si QUELQUES éléments étaient plus détaillés et documentés, et encore pas sur toutes les cases !
Celle que tu présente n’en as pas besoin .
Dans wallace et groomit, le style n’est pas réaliste, mais bien des objets font sentir le poids de leur matière, et ça renforce le sentiment de réalité.
@ julien
En plus , j’aime bien Blanc-Dumont.
Ses crayonnés aperçus dans des fanzine sont extraordinaire.
Il gagnerait à encrer de manière plus souple , et à se lâcher un peu sur l’expression de ses personnages.
@kris : je vois ce que tu veux dire mais je ne crois pas que ça intéresse Blain… ni la plupart de ses fans :-). Quant à Blanc-Dumont, il faudrait que j’essaye de lire ça un jour…
J’ignore si cette série pourra te toucher, mais je te conseille fortement de commencer par les premiers ”Jonathan Cartland”.
L’occasion fera le larron.
Une vrai découverte pour moi. Vite que je trouve un exemplaire.