Fiction n°1 ( Les Moutons Électriques )

fiction 1

Ce numéro 1 est sorti en 2005 et j’ai mis du temps 1. à mettre la main dessus 2. à trouver du temps pour le lire (bénis soient les festi­vals qui néces­sitent de longs trajets en train). Comme les vrais amateurs l’ont déjà devinés, c’est la reprise du titre de la fameuse revue morte d’ané­mie SF il y a longtemps . Comme son illustre ancêtre, c’est la version française de ”The Magazine of Fanta­sy & Science Fiction” dont le site officiel est ici et c’est une bonne nouvelle. Les magazines SF français ont une maladie de naissance qui les font publier de magni­fiques nouvelles (anglo-saxonnes puisque, c’est comme au basket, ils sont quand même bien plus forts en général) bardées de prix avant d’invi­ter de plus en plus d’auteurs français (ce qui est compré­hen­sible voire souhai­table) pendant que le manque de tréso­re­rie les oblige à délais­ser tous les prix Nebula et autres Hugo. Déçu par l’évo­lu­tion de ”Galaxie” (32 numéros dans ma biblio­thèque), j’ai attaqué ”Fiction” avec un peu d’angoisse. Visuel­le­ment, c’est pas mal avec une volon­té d’être graphique (couver­ture du 2 par F’Murrr et du 3 par Trond­heim) et des images à l’inté­rieur (port folio notam­mant). Ce numéro est parti­cu­liè­re­ment bien construit. On débute avec une nouvelle rigolote de Sean Mc Mullen qui narre la rencontre entre un jeune chercheur linguiste et une charmante jeune femme du Pleis­to­cène moyen. Un petit apéri­tif pour se mettre en train. Suivent Dédales d’Alex Nikola­vitch, court récit d’atmo­sphère, Création de Jeffrey Ford, une belle histoire nostal­gique sur l’enfance et les rapports filiaux où un petit garçon crée un bonhomme de feuilles, de branches et du souffle de son papa. Deux grandes et magni­fiques nouvelles d’Ursu­la Le Guin forment l’ossa­ture de la revue (Ellen Kushner lui rend hommage). J’avais lu avec beaucoup de plaisir son cycle de Terre­mer (un des rares ouvrages ”fantai­sy” que j’ai appré­cié) mais je n’avais pas été embal­lé par le reste de sa produc­tion (bon, je n’avais pas fait beaucoup d’effort, il faut le recon­naitre). Là, je suis resté baba. Dans Solitude, une ethno­logue et ses deux enfants ”infiltrent” une socié­té où les rapports sociaux sont assimi­lés à la magie. Seuls les enfants peuvent commu­ni­quer avec les femmes pendant que les hommes sont réduits au rôle de mâles solitaires. Au grand effroi de l’eth­no­logue pour qui ce monde est arrié­ré et sans amour, ses enfants y trouvent un sens profond à la vie. L’anni­ver­saire du monde voit une socié­té hyper hiéra­chi­sée et équili­brée se déliter face à un élément extérieur. Le dépay­se­ment est très étonnant. On termine avec Thier­ry Bisson et son Presque chez soi, encore une histoire sur l’enfance et le pouvoir de ses rêves (trois enfants ”inventent” un avion qui les amène dans un monde paral­lèle) et Un palimp­seste paléo­zoïque de Steven Uley qui ravira tous ceux qui ont quelques connais­sances sur la vie sociale des chercheurs scien­ti­fiques (le genre de truc qui me fait aimer la SF).

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5 commentaires

  1. Bonjour,

    C’est par Le Cycle de T que j’ai décou­vert votre travail. Envie de relire Vance, mais en fait, c’est comme si j’en étais impré­gné : l’impres­sion d’ana­ly­ser le monde d’aujourd’­hui (et d’hier,…) à travers le filtre de Vance : toutes ces tribus, toutes nos tribus. Autre filtre : Phil K. Dick.
    Et juste­ment, cette revue ‘les moutons électriques’ est-elle en son honneur ou est-ce seule­ment un hommage par titre seulement ? 
    Où peut-on trouver cette revue, je viens de rentrer en Belgique après 20 ans de Maghreb, et je ne sais vraiment pas où la trouver. Pour vos dessins – je ne suis pas dessi­na­teur – je vois le clin d’oeil à Moebius avec les Monsieur, mais surtout mon vieil ami Axel Munshine.
    Vivement le tome 8 (bien que ça signi­fie­ra la fin ; vous suivrai dans vos oeuvres suivantes)
    Proverbe borain : là où le brasseur passe, le boulan­ger ne passe pas.
    Brassor 

  2. Merci pour ce fort sympa­thique commen­taire, Brassor. ”Les moutons électriques” est le nom de la maison d’édi­tion de Fiction et c’est bien sûr un hommage à Dick. Ils ont dû publier un livre à son sujet mais la revue est ”généra­liste”. Le plus simple serait d’aller sur leur site http://www.moutons-electriques.c... et deman­der comment comman­der la revue : person­nel­le­ment, je l’ai acheté dans une librai­rie spécia­li­sée SF et je pense qu’elle est tout à fait comman­dable dans une librai­rie classique efficace.
    Pour ce qui est de mes influences, il y a du Moeb sans problèmes mais pas de Vagabond (ou alors de manière tout à fait inconsciente :-)). 

  3. J’ai hésité quand j’ai parlé d’Axel, mais je maintiens (qu’une imprs­sion d’ama­teur – de feeling stt) : Adam est un héros ‘noncha­lant’ aussi, il me fait penser à un dessin du Vagabond où Axel est suspen­du d’un bras à une échelle qui part dans le vide, avec Musky dans les bras (je confonds les ortho­graphes). Rien ne peut lui arriver. C’est vrai qu’il est parfois plus speed, mais en gros il traverse relax. J’aime bien ça, ce sont des héros sympathiques.
    Mais je veux pas vous embêter. 

  4. Mon ‘il’ dans le commen­taire précé­dent est ambigu : c’est Adam qui est parfois plus speed.
    Donc, c’est vrai, je ne parlais pas avant tout du dessin, mais ça provient du dessin aussi (les humeurs d’Adam). 
    j’ai à côté les Vance, je vais les relire, grâce à votre inviti­vi­té graphique, je vais relire les rites des tribus pour mieux pénétrer dans vos dessins.
    Excusez-moi, mais après une éclipse, je reprends mes lectures (mon temps à moi). 

  5. Y’a pas de mal :-) Je suis content que les albums vous donnent envie de relire les bouquins. J’ai un peu de mal à voir le rapport entre Adam et Axel qui semblent évoluer dans deux univers très diffé­rents mais j’avoue que je connais très mal le Vagabond des Limbes. 

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