Janua Vera (Jean-Philippe Jaworski – Les moutons électriques)

Janua Vera couverture

Vous me connais­sez, je passe mon temps à persi­fler sur l’héroïque fantai­sie, accusée d’avoir écrabouillée la SF dans les étals des libraires, polluant les jeux vidéos et nous obligeant à contem­pler d’un œil morne les tables des nouveau­tés BD pleines de couleurs pétantes (mais rarement avec une guerrière en string combat­tant un dragon, un cliché que j’aime­rais voir plus souvent). Autant dire que j’ai du mal avec les romans du genre. Déjà, pour ceussent un peu curieux, vous remar­que­rez que les collecs héroïques fantai­sie sont elles-mêmes parasi­tées par des couver­tures où des jeunes femmes blondes aux cheveux dans le vents et à la robe de vair sont couvées du regard par de beaux jeunes hommes bruns virils mais avec une sensi­bi­li­té tout de même (en général, on voit en arrière plan un fjord ou un château qui a de la gueule). C’est que le genre est parti­cu­liè­re­ment prisé par les jeunes femmes d’où des collec­tions et des séries qui ne feraient pas honte à Barba­ra Cartland. Il faut donc un certain courage pour se lancer dans la lecture du genre pour un esprit fort en quête de nouvelles sensa­tions. Heureu­se­ment, il existe des sites tels le Cafard Cosmique qui déblaient le terrain en amont. Et les gens du Cafard ont beaucoup aimé ce premier recueil de Jean-Philippe Jawors­ki qui a le triple désavan­tage litté­raire de genre d’être Français franco­phone et créateur de jeux de rôles. Mais la curio­si­té est plus forte (et le plaisir secret de pouvoir dire du mal en ayant lu) et je me suis laissé convaincre. Autant dire que c’est une excel­lente surprise. En sept nouvelles, Jawors­ki développe une langue châtiée et très litté­raire qui rappelle plus les écrivains du début du XX° siècle que l’effi­ca­ci­té un peu mécanique des écrivains anglo-saxons d’aujourd’­hui. Chacune des nouvelles fait référence à un monde commun mais peut se lire indépen­dam­ment. Un monde dont l’His­toire est très proche de la notre tout en faisant des clins d’œil aux théma­tiques héroïques classiques. Janua Vera fait penser à Conan tendance empereur faisant un mauvais rêve, Mauvaise donne rappelle les spadas­sins de la Guerre de Trente Ans (avec un peu de magie et de guilde des Assas­sins), Le service des dames est une histoire médié­vale ironique et cruelle, Une offrande très précieuse est un conte avec une sorcière et un barbare mal en point, le Conte de Suzelle une fable moyen âgeuse sur le temps qui passe et la cruau­té incons­ciente du Petit Peuple, Jour de guigne une fantai­sie sur les malheurs d’un scribe victime d’une malédic­tion parti­cu­liè­re­ment diffi­cile à vivre et Le confi­dent une varia­tion Borgè­sienne sur la cécité et la solitude. À mon avis, Jawors­ki aime beaucoup Marcel Schwob et je vais suivre avec intérêt ses prochaines publi­ca­tions. Et les fans de Donjon devraient y trouver leur compte.

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8 commentaires

  1. @Raymond : j’ai comme un doute sur l’âge de Raymond… Je peux me glori­fier d’avoir été parmi les 20 000 premiers lecteurs de Tolkien en France (qui se souvient de l’édi­tion de Poche avec en couver­ture un petit Hobbit qui ne ressem­blait à rien ?) mais, bon, ça y est, j’ai digéré (et en plus, j’ai une préfé­rence pour Bilbo le Honbit).

    @Grospa­ta­pouf : j’ai comme un doute sur l’iden­ti­té de Grospa­ta­pouf. Il ne peut pas être aussi gentil…

  2. Ah ben, je découvre que le livre est sorti en poche il y a quelques jours à peine. Ça c’est de l’actua­li­té inconsciente !

  3. Li-An : un esprit fort en quête de nouvelles sensa­tions. Le troisième millé­naire commence bien ! J’avais moi-même acheté, ado plein d’illu­sions, l’édi­tion Poche du SdA, mais je me suis endor­mi à la page 2.

    Et Maître Capel­lo me prie de bien vouloir te signa­ler que chacune peut.

  4. Quand je pense au nombre de fautes d’orthographe/​inattention corri­gées dans ce billet, je ne peux que me mordre les doigts. Merci Maître Capel­lo (un gag qui doit rester bien obscur aux plus jeunes).

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