Tom Horn, un film de William Wiard

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Tourné en 1980, voilà un autre western inspi­ré par un person­nage ”bigger than life” de l’Ouest améri­cain, Tom Horn. Engagé dans sa jeunesse comme scout par l’armée pour sa connais­sance des langues indiennes, il parti­cipe à la poursuite de Géroni­mo, travaille pour les Pinker­ton d’où on le virera pour son compor­te­ment (il aurait braqué une banque et abattu de sang froid un homme de trop), il fait partie de la petite armée qui fit la ”guerre du comté de Johnson” (guerre qui inspi­ra le film Les portes du Paradis de Cimino) et finale­ment comme ”détec­tive du bétail” pour les gros éleveurs du Wyoming. Fatigués de voir leurs bêtes pillées par des voleurs ou de petits proprié­taires peu regar­dants, les gros éleveurs engagèrent de nombreux indivi­dus pour faire régner leur loi. Tom Horne a travaillé quatre années pour eux, touchant jusqu’à 500 $ pour la tête d’un homme (un marshall était payé 50 $ par mois) et propo­sant au gouver­neur – lui-même éleveur – d’être payé 5000 $ pour régler ses problèmes de vol. Sa spécia­li­té est d’attendre sa victime à l’affût, armé d’un long fusil de chasse et de le dégom­mer sans somma­tion. C’est ainsi que l’on retrouve le corps d’un garçon de 14 ans, fils d’un éleveur de moutons qui faisait paître ses bêtes dans une prairie pour bovins (les moutons détrui­saient la prairie, ce qui déplai­sait grande­ment aux grands proprié­taires), tué ”à la manière de Horn”. Il se peut que Horn n’ait pas été le meurtrier – aucune preuve ou témoin – mais un marshall shériff adjoint le fait boire et demande à un sténo­graphe caché de noter ses décla­ra­tions. Cela fut suffi­sant pour le faire condam­ner par pendai­son avec, pour la première fois, la mise en place d’un système automa­tique hydrau­lique déclen­ché par le poids du condam­né sur la trappe. Horn a eu tout le temps en prison de tresser des cordes (on dit qu’il a tressé celle qui a servi pour sa pendai­son) et d’écrire ses mémoires. Son person­nage a fasci­né le grand public et il est réguliè­re­ment réhabilité.
Puisque le film est inter­pré­té par Steve Mc Queen, c’est donc un Tom Horn globa­le­ment positif qui est montré. Il est contac­té par un éleveur alors qu’il est devenu une vraie épave, ex légende vivante de l’Ouest. Lors d’un repas avec les éleveurs qui désirent l’enga­ger, il rencontre le marshall qui le fera incul­per plus tard et une jolie insti­tu­trice avec lequel il débute une relation amoureuse. Il faut recon­naître que le scéna­rio montre quelques facettes obscures du person­nage, capable d’accès de violence incon­trô­lée mais, globa­le­ment, Tom Horn est présen­té comme un cowboy pur et dur, nostal­gique des collines et de l’époque ancienne où ”tout était plus simple” et finale­ment condam­né parce que les éleveurs sont fatigués de sa violence. Le film est visuel­le­ment réussi dans le genre ”cowboy Malbo­ro” et très agréable à regar­der. Déjà fatigué par la maladie, Mc Queen est émouvant en bonhomme au bout du chemin. J’ai un peu souri avec l’évo­ca­tion de l’ins­ti­tu­trice (les scènes roman­tiques font beaucoup penser à celles de Butch Cassi­dy & le Kid de George Roy Hill) mais Horne a réelle­ment eu une relation avec une insti­tu­trice qui est venue témoi­gner à son procès. Du point de vue construc­tion, c’est assez bancal avec des flash­backs sur sa vie amoureuse et une longue partie consa­crée à son incar­cé­ra­tion mais les metteurs en scène se sont succé­dés, virés par Mc Queen. William Wiard, qui signe le film, est un petit metteur en scène de télévi­sion engagé pour l’occasion.
Au final, un western qui se laisse regar­der avec plaisir mais je ne peux pas m’empêcher de trouver dépri­mant cette relec­ture de person­nages réels.
J’ai l’impres­sion que le person­nage de Tom Horn a inspi­ré celui inter­pré­té par Marlon Brando dans Missou­ri Breaks d’ Arthur Penn : un tueur de voleurs de bétail armé d’un long fusil de chasse…

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le vrai Tom Horn qui mesurait 1m91
Tom Horn – Trailer
  • le site d’un fan de Tom Horn qui a écrit un livre sur le sujet : http://​www​.tom​-horn​.com/. Il explique bien que de toute manière, les types tués par Horn était de vraies crapules alors ils méritaient bien leur sort :-)
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15 commentaires

  1. Désabusé,sans illusion,mais avec une unique tentative(espérance?Instinct?)d’évasion qui renforce le pathé­tique et l’émo­tion qui se dégagent de ce si beau personnage.Bouleversant c’est le mot,oui.La fin est au-delà du sublime dans l’huma­ni­té de ce Tom Horn;ces regards tout le long,et jusqu’au bout vers le ciel,l’horizon(Que l’on retrouve dans ”Les derniers jours de Sophie Scholl”,comme seules respi­ra­tions possibles).relecture,c’est vrai mais malgré ces hasardeux(ou maladroits,peu assurés)flash-back,l’ensemble est d’une force terrible,Steve McQueen n’a jamais paru aussi beau et achevé à la fois.Ce renoncement,on le retrouve dans ”The killers”(1946)chez Burt Lancaster(Pas plus tard qu’hier soir)…

    • @julien : enregis­tré les Killers mais pas encore visionné.
      Dans la ”vraie vie”, Horn a fait deux tenta­tives d’éva­sion, une avec explo­sifs et une autre qui a tourné court parce qu’il a récupé­ré un automa­tique allemand et qu’il ne savait pas s’en servir.

  2. Le person­nage histo­rique de Tom Horn a peut-être servi de base a deux autres person­nages de cinema : Le passé obscur du person­nage joué par Costner dans Open range et celui d’East­wood dans Impitoyable
    @li-an Le dégom­mage sans somma­tion est plus proche de la réali­té histo­rique de l’ouest que les duels de cinema…
    cf W.H Forbis ”les cows-boys” ed Time-life (seule­ment 2 duels westerns authentifiés)

    • @kris : ben globa­le­ment, pour ce que j’ai pu en lire, les duels, c’est du genre ”sors dans la rue si t’es un homme” et on se tire dessus en avançant vu la préci­sion des flingues.

  3. ou on sort pas. Et on tire dans le dos du type qui sort bourré du saloon le soir. C’est plus sûr ; Je vois pas en vertu de quoi les préten­dus duels se seraient arrêtés en 1895. Voir la Mafia de l’entre deux guerre. ça se descend a tout va, mais le plus traîtreu­se­ment possible.
    Le style ”sors dans la rue si t’est un homme” authen­tiques selon Forbis, l’un aux revol­vers, un des prota­go­nistes son revol­ver s’est enrayé, il s’est planqué le gars derriere un abreu­voir et s’est fait descendre en relevant la tête.
    Le deuxième, aux winches­ters, ça ils ont avancé face a face, mais la winch’ ça c’est une arme de préci­sion : deux morts.
    J’appré­cie beaucoup le western y compris son folklore duelliste et la tension scéna­ris­tique qu’il génère.
    Comme tout le monde, j’y ai cru, mais la fiction ne tiend pas face à la réalité.

    • @julien : ah, ce n’est pas possible de lire tout ça et de tenter de voir tout ça :-) La vie est trop courte… Quant à Blutch, il ne mesure pas 1m91, je peux te l’assurer :-)

  4. @li-an tu m’tire dans le dos, rascal !
    Abus de viande sans doute, mais qu’est-ce que vous avez tous avec la bière ?
    Eastwood = buveur de bière

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