La main coupée ( Blaise Cendrars – Folio )

Pour arriver jusqu’à ce livre, j’ai parcou­ru un chemin tortueux. En lisant diverses biogra­phies de Kupka, je me suis rendu compte qu’il avait été volon­taire en 1914 et que Blaise Cendrars parlait de lui dans ce roman. Comme j’adore le boulot de Kupka, je me suis dit qu’il fallait absolu­ment jeter un oeil là-dessus. Et je dois dire que c’est une bonne pioche…
Après avoir signé un appel aux étran­gers en France au moment où la guerre commence, Cendrars joint le geste à la parole et se retrouve dans un étrange régiment d’enga­gés volon­taires compo­sé d’étran­gers non seule­ment d’étran­gers résidents en France mais aussi de quidams désireux d’en découdre avec les Boches prove­nant d’une bonne partie de l’Europe et d’ailleurs. On y croise aussi bien des Italiens que des Améri­cains (USA et Canada), des Polonais, un Japonais, des Moldaves, des Belges, des Suisses, j’en passe et des meilleurs mais aussi toutes les classes sociales, des mineurs, des fils de bonne famille, des artistes ou des truands … Les soldats de ce régiment ratta­ché rapide­ment à la Légion Étran­gère ont un rapport très conflic­tuels avec leur encadre­ment ”vrais Français” et soldats de carrière travaillés par leur survie dans l’admi­nis­tra­tion militaire. Cendrars parle de tout cela avec ironie, colère et humour, chacun des chapitres se rappor­tant à des anciens camarades ou des rencontres inatten­dues (tel ce policier du 2° Bureau spécia­li­sé dans les artistes d’avant garde venu humer l’odeur de la guerre et poète à ses heures). Si sa descrip­tion du champ de bataille est sans conces­sion, décri­vant la mort, la boue et la merde sans fiori­tures, il décrit un combat de comman­dos avant l’heure, de coup de mains dans la nuit, de duel de snipers, une guerre éloignée des grands assauts mais où il trouve sa place, chef d’une petite troupe fidèle qui donne un sens à son engage­ment, réser­vant son amertume pour les planqués de toute sorte, officiers incons­cients, gendarmes traquant les déser­teurs, civils insou­ciants de ce qui se passe au front ou anciennes connais­sances artistes se débinant ( Picas­so en Espagne (?) à modérer cf. commen­taire ci-dessous…). En 1915, Cendrars perd son bras droit (ce qui n’est pas racon­té dans ce livre) et retrouve la vie civile. Mais alors, Kupka ? Quelle ne fut pas ma surprise en tombant enfin sur le chapitre qui lui est consa­cré : il ne s’inti­tule pas ”Kupka” mais… ”Madame Kupka” :-)

Partagez ce contenu

Ne ratez plus rien en vous abonnant

Soyez prévenu par mail des nouvelles publications et suivez mon actualité avec la newsletter

!ABC Pour signaler une erreur ou une faute de français, veuillez sélectionner le texte en question et cliquer sur l’icône R en bas à gauche.

fille boutique fond
fille boutique seule300b

Visit my shop

Illustrations, livres, ex-libris, planches en vente sur ma boutique.

14 commentaires

  1. Un immense poète, un vrai chef-d’oeuvre, je suis plus que d’accord avec toi… Mais, tu commets quelques petites erreurs, non ? Celle-ci (une grosse) : quoi ? La Main coupée ne parle pas de cette ”chère main droite” partie droit dans le ciel, détachée par un obus ? Je cite : ”A qui était cette main, ce bras droit, ce sang qui coulait comme la sève?” (La Main Coupée, Denoël p.542). Mince ! Et pis Picas­so ne s’est pas vraiment ”débiné” en Espagne pendant la guerre. Espagnol, il n’a pas été mobili­sé comme Derain ou Braque. Mais en 1914, il est à Paris. Je crois qu’il y reste jusqu’à la mort de sa femme Eva pendant l’hiver 1915. Puis il part pour l’Ita­lie en 1917 rejoindre Diaghi­lev et ses ballets russes. À propos de Franz Kupka, il fut évacué du front souffrant du ”pied de tranchée”, une infec­tion qui virait à la gangrène et qui touchait les poilus à force de rester dans la boue…
    Bon si je te dis tout ça, c’est pas pour frimer, mais j’avais bossé le sujet Cendrars (je suis fan absolu) pour un album de BD qui est resté à l’état de… projet pour Emmanuel Proust. Depuis j’ai sorti un album intitu­lé ”Georges Caplan vous parle…” mais qui n’a rien à voir, ou si peu.

  2. Je vais corri­ger pour Picas­so (ou du moins mettre des réserves comme je n’ai rien lu sur le sujet. Mais j’ai repris le point de vue de Cendrars qui ronchonne. Et celui de biographes de Kupka qui le voient s’inves­tir dans la guerre pendant que Picas­so poursuit sa carrière artistique).
    Pour la main droite, je n’ai pas trop compris ta critique. Il faudrait que je relise le bouquin mais j’ai eu l’impres­sion qu’il fait plutôt référence à une main tombée du ciel dans les barbe­lés sans que personne ne comprenne d’où elle provient.

  3. Picas­so se débine…On pourrait d’man­der à Max Jacob..!Excellent papier et bien bonne idée que d’évo­quer B.Cendrars:susciter l’envie de lire!..Sur ce sujet,un petit trésor de Gabriel Chevallier(la diettante):”LA PEUR”…Oui,on y retrouve ces m^mes sentiments:Une colère,une insolence…Un gachis ;

  4. Ah oui, j’ai enten­du parler de ce livre de Cheval­lier. Je vais peut-être le lire, tiens… (hum, j’en ai déjà deux sur le thème qui m’attendent).

  5. Ah,et puis il y a Jacques Perret(ami et comparse de Beuville)mais il est d’une généra­tion un poil en dessous avec son ”Caporal épinglé”…Plus classique,mais témoi­gnage direct de la guerre-à-Tardi(quel bonhomme!)”les croix de bois”(ou ”de feu”?)d’un écrivain fameux dont le nom est en train de m’échapper(mais c’est peut etre encore l’occa­sion de gagner une tringle à rideau..?)qui a fait l’objet d’un film(1920 environ)trés impres­sion­nant où la plupart des figurants étaient des soldats de 14 – 18;c’est pas trés trés précis mon commentaire ;

  6. Je vois duquel tu parles Julien. Pour l’ins­tant, j’ai dans ma biblio­thèque ”Ceux de 14” et ”Orages d’acier”. Ça ira comme ça pour le moment :-)

  7. ”Le Feu”, c’est Barbusse. ”Les Croix de bois” Dorge­lès. C’est ce dernier qui a été adapté au cinéma.

  8. Les deux, mon colonel !
    Y rajouter :
    ”À l’Ouest, rien de nouveau” d’Erich Maria Remarque. La guerre vue du côté allemand. Film (excellent)en 1930.
    ”Ceux de 1914” de Maurice Genevoix.
    Tu as cité ”Orages d’acier” d’Ernst Jünger, ce roman est surtout intéres­sant par son récit parti­cu­lier du fait de la person­na­li­té complexe de son auteur.

  9. Encore une apparté,à propos de Blaise Cendrars:”PARTIR AVEC”,un trés chouette rendez-vous depuis hier soir(Et ce soir,21h00,France Inter)par Gwenaelle Abolivier(”CORRESPONDANCES”une des meilleures émissions radio)avec des archives sonores,comme on dit.Paul Léautaud,Jean Renoir sont égale­ment prévus.Désolé,ça me passionne(Et tant mieux si c’est partagé)

  10. Ben merci pour l’info. Je m’y penche­rai peut-être même si les émissions de voyage, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise des cookies pour vous offrir la meilleure expérience possible.