Watchmen ( Alan Moore & Dave Gibbons – Panini Comics)

Il m’en aura fallu du temps pour me décider à lire le comics culte d’Alan Moore et Dave Gibbons. Vous me connais­sez, les types en slip avec une cape, ce n’est pas trop ma tasse de thé et les diffé­rents formats des diffé­rentes éditions revenaient trop cher. D’un autre côté, le travail de Moore m’inté­resse et j’atten­dais la bonne occasion pour rattra­per mon retard. La sortie du film accom­pa­gnée d’un pavé à 15 € m’a défini­ti­ve­ment convain­cu – enfin, une fois que j’ai réussi à le dégot­ter puisqu’il est annon­cé épuisé.
Déjà, première bonne surprise, ce n’est pas une histoire de super héros mais de ”héros costu­mé”. C’est à dire des hommes et des femmes sans super pouvoir mais une envie d’en découdre avec des méchants. Moore décrit très bien ce besoin de se battre quelles que soient les raisons, bonnes ou mauvaises, de se trouver des ennemis, d’être recon­nu comme étant du bon côté. Même s’il faut enfiler un costume ridicule. Sauf que voilà, un scien­ti­fique victime d’un accident devient lui un super humain et rend d’un coup bien ringard les héros costu­mé. Comment vivre au quoti­dien cette espèce de déchéance, cette perte de l’inno­cence ? Seule la mort de l’un deux va les sortir de leur retraite pour affron­ter un complot impla­cable… et assumer leurs choix de vie.
Y’a pas à dire, c’est du cousu main, du point de dentelles de Bruges (ou de Cilaos), un scéna­rio aux petits oignons. Chaque person­nage fait avancer le récit, chaque révéla­tion est soigneu­se­ment distil­lée, rien n’est poussé de manière artifi­cielle, Moore fait un grand travail de scéna­riste. Se payant même le luxe de racon­ter une seconde histoire à l’inté­rieur de la première en imagi­nant que la déchéance des super héros de comics amène l’émer­gence de magazines au thème pirates. Tout le monde a vanté le système de transi­tions graphiques et narra­tives mais c’est peut-être la partie la plus artifi­cielle du comics. Je retien­drai surtout que Moore a litté­ra­le­ment retour­né le concept dépas­sé (et ridicule) de l’ effet papillon pour conclure son histoire et que la noirceur de l’uni­vers qui peut sembler artifi­cielle est parfai­te­ment justi­fiée par le concept global. Seul bémol pour le lecteur d’aujourd’­hui : le scéna­rio écrit dans les années 80 fait large­ment écho aux soubre­sauts de cette période et il n’est pas sûr que la jeunesse capte bien toutes les subtilités.
Passons au dessin. Une des raisons de mon peu d’empressement à lire Watch­men, c’est aussi le dessin. Moore est connu pour éviter de travailler en général avec des dessi­na­teurs virtuoses pour ses projets d’enver­gure (je n’ai d’ailleurs jamais réussi à finir From Hell, je me suis arrêté à ces fichues mouettes qui ressemblent à des papiers mouchoirs mal dessi­nés) et Gibbons est franche­ment raide dans son dessin. On se retrouve avec un New York de carton pâte digne d’une série télé tournée en studio, des bonnes femmes au physique un peu bancal et ne parlons pas des couleurs qui piquent fort les yeux. Les fans ont passé outre en spécu­lant que ça faisait sûrement partie du projet mais je reste quand même sceptique. Reste que ce dessin carré est idéal pour gérer effica­ce­ment le travail de narra­tion complexe parfai­te­ment décou­pé, qu’il y a une belle gestion des ombres et les scènes visuel­le­ment impor­tantes sont parfai­te­ment assumées.
Au final, si vous hésitez encore à le lire comme je l’ai fait pendant des années, tentez l’expé­rience et passez un moment de franche camara­de­rie avec l’ami Rorschach, un gentil héros positif, l’ami des enfants et des toutous.

penser à dégivrer le frigo

Partagez ce contenu

Ne ratez plus rien en vous abonnant

Soyez prévenu par mail des nouvelles publications et suivez mon actualité avec la newsletter

!ABC Pour signaler une erreur ou une faute de français, veuillez sélectionner le texte en question et cliquer sur l’icône R en bas à gauche.

fille boutique fond
fille boutique seule300b

Visit my shop

Illustrations, livres, ex-libris, planches en vente sur ma boutique.

57 commentaires

  1. C’est bizarre, je suis plutôt d’accord avec toi, qu’est-ce qui arrive ?
    Sans blague, c’est vrai que les dessi­na­teurs de Moore pourraient être mieux choisis. Mais il y a bien pire que From Hell (en fait, pour moi le haut du panier vu le reste).

  2. Me parlez pas de ”FROM HELL”,c’est l’une de mes décep­tions les plus…Couteuses(avec un cauche­mar éveillé:Songer à ce que cela donne­rait dessi­né par Bodart,Blutch,David B…;bref du parasi­tage qui parasi­ta ma lecture).Trés bon papier,en tout cas,qui va épauler les frileux comme moi,vers le droit chemin…

  3. Je n’avais jamais lu les watch­men pour les mêmes raisons que toi et je me suis motivé quand un pote à moi est venu l’ache­ter ici, pour l’avoir en VO. Je n’ai pas regret­té non plus, du coup tout comme Oslav je te rejoins complè­te­ment dans ce que tu dis.

    Et from Hell, chaque fois que je le vois je me dis que je devrais, mais rien à faire le dessin me bloque. Raah.

  4. Bon, si tout le monde est d’accord, je vais tâcher de trouver un sujet qui fâche – ça me fait penser que je pourrai peut-être réessayer From Hell.

  5. Bandes de ringard, c’est fou, ça, décou­vrir Watch­men au début du 3e millé­naire ! Et V For Vendet­ta, c’est pour 2050 ?
    (ça va mieux comme ça, Li-an, ou un peu plus agres­sif, dis moi je module)

    Bon, je vais faire mon coming out, je lis tout ce qui a pu être écrit par Moore, même ses comics les plus easy comme Tom Strong. En fait, les dessi­na­teurs qui s’en tirent le mieux sont sans doute ceux de Top Ten et de Prome­thea publiés chez Panini, rien à voir Blutch ou Li-an mais assez plaisant (et moins rédhibitoire).

  6. Moi aussi, j’ai lu Watch­men avec du retard (l’année dernière)…Je viens rejoindre les parti­sans de cette oeuvre culte…oui, c’est un vraiment un chef-d’oeuvre de la bd .… Il serait temps que j’attaque FROM HELL

  7. Il faut bien que quelqu’un ne soit pas d’accord … alors je me dévoue.

    J’avoue donc avoir appré­cié FROM HELL (même si j’ai dû m’accro­cher) tout autant que les WATCHMEN. Bien sûr, c’est d’abord en raison de la puissance de leur scéna­rio. Il y a dans ces histoires une logique de construc­tion, une finesse des situa­tions, une complexi­té des portraits et une minutie des détails qui rend l’intrigue passion­nante. Il y a aussi ce pessi­misme qui découle d’une intel­li­gente confron­ta­tion au réel et qui ne me parait jamais artifi­cielle. Moore défend, je pense, certaines de ses idées (je n’ai jamais cherché à aprofon­dir la question) à travers ses histoires et c’est proba­ble­ment cela qui leur donne cette consis­tance. Et puis, dans Watch­men, il y a encore ce supplé­ment ludique, ce comic book à l’inté­rieur du comic book, cette mise en abyme narquoise de la BD (et du lecteur de bande dessi­née) qui symbo­lise cette prise de distance du scéna­riste, et cette volon­té de dépas­ser le simple récit de super-héros.

    Bien sûr, le dessin de Gibbons n’est pas trans­cen­dant, mais il est totale­ment au service de l’his­toire. Malgré tout de qu’on peut en dire (de mal), je ne peux plus imagi­ner un autre dessi­na­teur pour cette histoire. D’ailleurs, je me demande bien ce que WATCHMEN va donner en film. Il y aura peut être plus d’images specta­cu­laires mais est-ce bien néces­saire ? La simpli­ci­té des figures reste bienve­nue dans cette histoire sophistiquée.

    Pour FROM HELL, je vous trouve sévères avec Campbell. Je ne vais pas trop dévelop­per, mais je trouve qu’il dessine avec une certaine effica­ci­té la noirceur du monde qui entoure Jack l’Eventreur.

    Bon, je ne vais pas entamer ici une chronique ;-)

  8. Bravo Raymond pour cette analyse très juste. Si l’on n’admire pas les livres de Moore pour leur dessin, que ça soit Campbell, Gibbons,et les autres, ils servent le récit.

  9. @Raymond : si on arrive à dépas­ser la pauvre­té du dessin pour rentrer dans l’his­toire, je comprends que ça ne pose pas problème mais si on reste étran­ger à l’his­toire à cause du dessin, je trouve qu’il y a un problème. Mais bon, je suis un dessi­na­teur, j’ai peut-être un regard biaisé.

  10. ”Mais bon, je suis un dessi­na­teur, j’ai peut-être un regard biaisé.”
    Ben.… heu oui. Moi aussi ça m’a un peu rebuté dès les premières pages pages mais dès qu’on est dedans, on ne s’arrête plus ! J’ai commen­cé à le lire à 22 h pour le termi­ner vers 1h30 du matin. C’est rare : ça m’a vache­ment accro­ché !! C’est le genre de chose que je ne retrouve pas dans des bouquins très graphique comme .. heu, Ashley Wood, Paul Pope ou Terada. Je suis comme Li-An, j’achète des livres beaucoup pour les images et parfois pour l’his­toire.… Alan Moore doit il être un exemple dans la BD ? C’est lui qui a fait le découpage ?

  11. J’ai l’impres­sion que c’est un des albums les plus possé­dés et moins lus avec Jimmy Corri­gan.

    @urbatrof : les scéna­rios de ces auteurs ne sont pas assez consis­tants (Terada il n’y a même pas de scénario :-)).
    J’ignore si Moore doit être un exemple mais le décou­page doit se faire sous ses ordres vu le travail réali­sé par Gibbons par la suite.

  12. Li-An : je pense qu’il faut savoir dépas­ser l’aspect ”purement dessin” en BD. Un dessi­na­teur brillant possé­de­ra bien sûr toujours un pouvoir supplé­men­taire d’attrac­tion et j’admets acheter parfois certains livres unique­ment parce j’aime l’artiste, mais la bande dessi­née ne se résume pas à cela. Il y a beaucoup de ”bons artisans” qui ne sont pas de grands illus­tra­teurs mais qui sont habiles à mettre un récit en images. On trouve par ailleurs de plus en plus (en librai­rie) de ces livres qui ont une belle apparence et qui se révélent décevants (ou futiles) à la lecture. Je crois que l’orga­ni­sa­tion d’un récit en image (le fameux ”art séquen­tiel”) est un art en soi qui implique un dosage intel­li­gent de graphisme et de texte. Si l’une des deux compo­santes domine trop, la BD perd souvent son charme.

  13. Oui, je comprends tout à fait ce point de vue mais dans mon cas, un dessin faible c’est comme un jeu d’acteur déficient ou une mise en scène bancale au cinéma. Le meilleur scéna­rio du monde peut en souffrir.
    Mais je pense, comme Trond­heim parait-il, que les auteurs BD les plus excitants sont les auteurs complets. Et comme Franquin, il me faut un dessin fort pour entrer dans une histoire. C’est aussi un réglage person­nel. Les gens réagissent au rapport dessin/​scénario en fonction aussi de leur culture.

  14. Deux bouquins très passion­nants rt que je relis sans cesse : ”L’art invisible” et ”Faire de la BD” de Scott Mac Cloud .…. très passion­nant et pourtant dessins à milles lieux de mes goûts persos. Qoique à l’inté­rieur de ces livres il y a des graphisme divergent pour appuyer ses propos.…. Ce qui revient à me deman­der et à réflé­chir sur le lien dessin/​scénario : Peut-on racon­ter tout avec n’importe quel graphisme ?

    Si je prend l’exemple de MAUS , on pourrait dire que oui.… non ?

    WATCHMEN aurait-il été la même chose avec un dessin type manga shojo ? (oui, là je vais loin !)

  15. Je suis d’accord avec Li-An sur la primau­té du dessin en BD. C’est malheu­reux, mais c’est comme ça : c’est la première chose qui va attirer (ou repous­ser) l’œil du lecteur. L’idée selon laquelle ce qui compte est que l’his­toire soit bonne, ça vaut peau de balle, moi je dis c’est juste gâcher. Et j’en arrive à cette conclu­sion après des années de fanzi­nat achar­né, alors vous pouvez me croire !

  16. Oui, on peut au fond utili­ser n’importe quel graphisme. La question est de savoir quel est le projet des auteurs : diver­tis­se­ment pur, dévelop­pe­ment d’un monde person­nel, recherches graphiques ? Un autre point impor­tant (à mon goût) est de savoir si le style est cohérent avec le but recherché ?

    On trouve de plus en plus de BD au graphisme ”tape à l’oeil” (voir certains comic book USA actuels) qui nous racontent de banales histoires de Spider­man ou Super­man, et qui offrent ainsi un décalage ridicule entre le but et les moyens utilisés.

    Hergé a montré qu’une certaine sobrié­té dans le dessin permet­tait de mieux dévelop­per un récit. C’est, je crois, le mérite de Gibbons quand il dessine les WATCHMEN.

  17. @urbatrof : je pense que par défini­tion, le dessin apporte autre chose que ce que dit le scéna­rio. On pourra compa­rer par exemple les diffé­rentes versions de Tintin : je préfère la version noir et blanc du Lotus Bleu que je trouve plus poétique, plus vivante. Et pourtant c’est stric­te­ment la même histoire.

    D’un autre côté, je suis d’accord avec toi sur le côté saoûlant de certains comics à la belle parure mais sans grand fond.

    @Raymond : atten­tion, tu entres là dans un autre débat ! Le ”beau dessin” BD n’est pas le même que celui utili­sé en illus­tra­tion par exemple. Hergé fait du beau dessin BD ! C’est même magni­fique ce qu’il fait. Dans le cas de Gibbons je suis un peu critique parce que je ne crois pas du tout dans le New-York qu’il repré­sente. C’est vraiment une repré­sen­ta­tion bateau qui est juste prétexte sans que cette simpli­fi­ca­tion n’apporte quoi que ce soit de plus (ambiance, effica­ci­té ou narra­tion). Hergé est sobre dans le Lotus Bleu mais il crée un univers solide.

  18. ELEKTRA de Miller et Sienkiewitcz(malgré la beauté absolue,attirante du travail du dessinateur)se défend aussi pas mal dans le genre pas lu/​pas fini…Et ce n’est pas(à part les BILAL)par snobisme que les gens ont acheté ces livres pré-cités…Quand on dit dessin,on inclue AUSSI la mise en couleurs,n’est-ce pas!?La réticence vient souvent de cet aspect…Je suis un cas plus désespérant/​péré encore avec mon dégout,et ma frilo­si­té face à certains bouquins pour la couverture,ou la maquette(hors bd);et je ne suis pas certain qu’il faille culpa­bi­li­ser de rejeter ou aimer un livre d’abord pour son carac­tère graphique…Pour finir je crois que la sobrié­té d’un Hergé,Guibert ou Will n’est pas exempt d’harmonie,de beauté et de subti­li­tés là où un Campbell ou Gibbons m’appa­raissent surtout faibles et boursoufflés;pompeux ?

  19. Pour pimen­ter le débat, je dirai pour rejoindre Julien que parfois en effet les couleurs jouent beaucoup dans cette appré­cia­tion ”coup d’oeil” du dessin d’une BD. Mais par exemple dans l’Incal, les couleurs de Chaland ne me plaisent pas, mais ne m’ont pas empêché d’appré­cier le reste à sa juste valeur.

  20. @Glorb : j’espère que tu ne préfè­rais pas les suivantes… Mais je n’ai pas de souve­nirs en tête de couleurs qui ait vraiment gâché mes plaisirs de lecture (je veux dire en lisant des BD qui me plaisaient).

    @julien : ah, je l’ai lu celui-là. Mais j’étais assez fan de Sienke­wicz à une époque.

  21. @Oslav Boum : tiens, j’ai oublié de répondre à celui-là. Toujours pas lu Vendet­ta (dessin en effet). Strong ne m’a pas fait grand effet. Top Ten m’a par contre beaucoup plu (d’ailleurs il me manque le tome 1 si quelqu’un veut s’en débaras­ser :-)). Prome­thea bof.

  22. @Li-an : Tu parles de celles de beltran dans les réédi­tions ou de celles de l’incal d’ori­gine dans les derniers tomes ? J’ai préfé­ré celles de Janje­tov à celles de Chaland. Beltran, beuerk. D’ailleurs valérie Beltrand (?) plutot.

  23. Je ne suis pas un fan des couleurs de Janje­tov en général. Et oui, Valérie Beltrand plutôt que Beltran lui-même si j’ai bien compris.

  24. ”à celui là”, ça fait plaisir, si, si. Prome­thea est peu gonflant par moment, faut s’accro­cher certes. Tu as lu 49ers, le prequel de Top Ten, un de ses meilleurs.

  25. Atten­tion : lecture énervante !

    Ouimmm boooonn…

    Gibbons ? Campbell ?… pas motivant ??
    Mais je vous signale que l’on parle du médium bande dessi­née ici quand même.
    Or chacun sait que comme il a d’ailleurs déjà été dit plus haut, ce genre là est l’asso­cia­tion du dessin et d’un scénar bêton.
    La fameuse phrase ”un mauvais scéna­rio ne rattra­pe­ra jamais un bon dessin” est celle qui faut retenir.
    Pour ma part j’ai acheté le premier tome des Watch­men à sa sortie puis n’ai pas conti­nué faute de thunes, et parce qu’à l’époque, il faut avouer qu’un ado comme moi bien que passion­né avait un peu de mal quand même avec ces scéna­rios quelque peu embrouillés et nouveaux.(mais néanmoins épatants)

    N’empêche que quand ”From hell” a paru il y a moins longtemps, j’ai sauté dessus et j’ai pris une grosse claque, même si le dessin n’était pas super engageant.
    Ca reste quand même une prouesse de narra­tion graphique, et excusez-moi, mais le récit est génial.
    …A l’inverse, peut-on me dire quand Hergé (que je respecte beaucoup, j’ai d’ailleurs fait partie deux ans des Amis d’her­gé) à illus­tré une histoire autre que les siennes et sur un volume de plus de 300 pages ?
    Je ne sais pas si il aurait respec­té les timings et la même quali­té du début à la fin.

    La ligne claire, vue de France et de Belgique ; c’est cool, mais mainte­nant que j’en parle,il faut quand même admettre que c’est un peu un truc de mecs qui n’ont pas grand chose d’autre à faire que de se regar­der le nombril, non ? (là je me fais carré­ment l’avo­cat du diable,car je suis un fan de Chaland, Benoit, Clerc, Hergé et toute la clique). Mais bon, allez parler de ça aux studios nippons ou améri­cains… on a pas les mêmes repères il me semble.
    C’est sûr que s’appli­quer à faire une belle case en noir et blanc bien carrée sur un album de 47 planches, genre ”Le lotus bleu”, ça le fait… mais bon, Jean Giraud reste­ra sans doute finale­ment dans ce domaine celui qui aura le plus compris le délire en variant les styles et en accep­tant de faire des récits allant au delà de ces formats classiques (cf. le Garage hermé­tique par exemple), sans se prendre le but. Et il conti­nue le bougre.

    Alors… compa­rer récits graphiques et illus­tra­tions… ne sera jamais à mon avis un débat où l’on pourra tomber d’accord. Ce sont bien deux univers diffé­rents, comme l’a déjà fait remar­quer Raymond.
    … Bon bein voilà, j’ai foutu mon bordel.
    Sans rancune.

  26. Oui, bon, il y a quand même beaucoup de daubes dans les mangas et les comics. À mon avis à peu près la même propor­tion que pour la BD franco belge (c’est un peu comme les jolies filles mais c’est un autre débat). Et le Lotus Bleu origi­nal a 115 pages (et 62 en couleurs) (donc exemple à côté de la plaque). Et si la durée est plus impor­tant que le reste, Guerre et Paix de Dostoïevs­ki est plus intéres­sant que la moindre nouvelle de Borgès. Ce qui me parait un peu idiot comme compa­rai­son. Combien de chef d’œuvres en 46 pl pour Moore ?
    Bon bref, pour moi, il n’y a pas vraiment matière à débat. Déjà, il faudra que je trouve le courage de lire From Hell pour pouvoir en faire une critique raison­née et subjective :-)

  27. Hum…pas gentil pour les thons (oups!) ton petit commen­taire entre parenthèses ;-)

    Hector­va­dair : Et vive la ligne claire même nombri­liste, zut.

  28. Le boulot de Moore m’évoque certaines planches de Krigstein, comme dans ”la grande course”, dont on avait déjà parlé… Le décou­page, le graphisme, l’action… Une influence ?

  29. Je pense que ce n’est pas ici qu’on en a parlé (ah zut, on ne peut pas faire de recherche sur les commen­taires). Mais la manière de décom­po­ser l’action est du même tonneau sans aucun doute.

    Qu’est-ce que tu as contre le thon ? C’est bon le thon :-)

  30. Ah myard, ma mémoire, je donne­rais pourtant ma tête à couper (ou autre chose) qu’on a parlé ici de Krieg­stein ! Maisouestcequecétaitildonc ?

  31. Un jour j’ins­tal­le­rai peut-être un moteur de recherche Google sur ce blog mais les résul­tats sont assez laids et peu pratiques à utiliser.

  32. J’ai vraiment cru à un truc officiel pour vendre des jouets… Avec ces Améri­cains des États-Unis tout est possible…

  33. Salut tout le monde,

    Dis donc, ce qu’on entend pas sur ce pauvre Gibbons, et pas qu’ici !
    Moi je trouve que c’est un dessi­na­teur plus que solide, Li-An parle de ”jeu des acteurs”, moi c’est une des choses que j’appré­cie le plus dans Watch­men la quali­té d’émo­tions qu’on lit sur les visages des person­nages. Par exemple dans les scènes d’entre­tien entre Rorshach et son Psy, je trouve que l’expres­sion du visage de Rorshach, un peu éteint à une quali­té pas si évidente à produire pour un dessinateur.

    Quand au New-York pas crédible… Je ne sais pas. On le sens quand même pas si mal, ce carre­four, avec la petite boutique de journeaux, ou tous les person­nages finissent par se croiser.

    Le dessin de Gibbons a, à mon sens, une autre quali­té c’est de fonction­ner, comment dire ? Comme un ”dessin dans le dessin”, c’est à dire que si on imagine une bande dessi­née de super-héros dans le contexte du 1985 uchro­nique de Watch­men, on peut imagi­ner qu’elle ressem­ble­rait plus au dessin de Gibbons qu’à un dessi­na­teur avec plus de person­na­li­té. De là à dire que Watch­men aurait été aussi bien dessi­né par Francq, il n’y a qu’un pas que je ne franchi­rai sans doute pas !

    Donc je vois presque le dessin de Gibbons comme une sorte de mise en abime supplémentaire.

    Si les transi­tions ont pu te paraitre artifi­cielles, Li-An, c’est peut-être un peu dû à la quali­té de la traduc­tion de Panini, simple­ment épouvantable !

    Dernier mot sur les couleurs.
    C’est bien simple, moi je les adore !
    L’édi­tion Zenda avait pour elle la traduc­tion de Manchette, mais les couleurs… aïe ! Les rouges étaient roses !
    Là, ils ont tout bien remis à l’endroit.
    Franche­ment, la couleur en BD, ça peut se limiter à des jolis camaïeus sur fond mi-teinte, non ?
    Je ne vois pas quel problème posent les couleurs de John Higgins.
    Le comédien, se décou­pant en rouge lorsqu’il passe la fenêtre, c’est quand même puissant comme image, non ?

    Allez, je vous laisse,j’ai dejà ait bien trop long ! on parle­ra des BEAUX dessins de Campbell une autre fois.

    P.S/ pour ceux que ça inter­esse, il y a un très beau/​bon livre de Gibbons sur son travail, qui s’appelle Watching the Watch­men, dans lequel on découvre un peu les coulisses… Les essais de costumes de Rorshach sont assez marrants, on a echap­pé à un costume ”intégral” genre spider-man noir…

    • Je recon­nais que l’on peut voir le dessin un peu figé de Gibbons comme une sorte d’hom­mage à l’Âge d’Or du comics US. Mais ce n’est pas si évident. Était-ce vraiment volon­taire ? :-). D’ailleurs je n’ai pas dit QUE du mal de son dessin qui se révèle très efficace dans beaucoup de scènes (notam­ment les scènes impor­tantes et visuelles). De la même manière, les couleurs fonctionnent très bien à certains moments. Mais ce n’est pas toujours le cas malheu­reu­se­ment (mais j’avais peut-être des larmes dans les yeux et je ne m’en rendais pas compte :-))
      Par contre je découvre avec horreur que je n’ai pas la traduc­tion de Manchette et du coup ça me déprime un peu. Il n’y a pas de problèmes parti­cu­liers de transi­tion dans cette version, c’est juste que ça devient un peu trop concep­tuel alors que l’his­toire tient très bien sans (mais je peux changer d’avis si je lis une analyse de la chose perti­nente à mes yeux).
      Quoiqu’il en soit, merci de ce long commen­taire :-) Pour un premier, c’est très sympa.

  34. Re Salut tout le monde,

    Au passage, j’écris pour la première fois, mais ça fait longtemps que je suis ton blog, Li-An, et j’ai décou­vert grâce à toi Wolf parade, rien que pour ça, gatitude éternelle !

    Pour revenir sur Watch­men, histoire de te prouver ma bonne foi, quand j’ai regar­dé la planche que tu as scannée, je me suis dis que la lumière rose qui tranche sur la porte, en contact direct avec un kaki quasi­ment de la même valeur, quand même il faut oser…

    Et pour alour­dir la barque de Gibbons, les couleurs sont large­ment de son fait, puisqu’on voit dans ”Watching the watch­men” ses indica­tions de couleurs aux feutres.

    Revenons un peu sur la nouvelle traduc­tion, puisque je vois que ça inter­esse une personne ou deux, et pardon si j’écris des choses déjà connues de tous.

    Donc, édition Zenda, circa 1988, assurée par JP Manchette. Raris­sime, quand on y songe qu’un écrivain de ce talent se penche sur une bande-dessi­née, un peu plus logique quand on sait que derrière Doug Headline, direc­teur de collec­tion chez Zenda, se cache le fils de Manchette, Tristan.

    J’ai l’air d’un monoma­niaque, avec cette histoire de traduc­tion, mais pas du tout !! C’est juste que j’adore Manchette, et que Watch­men, croyez-le ou pas est la première bd que j’ai lue !!

    Quand on lit la traduc­tion de Manchette, il y a un sens du rythme, de la découpe des phrases, qui ”claque”, et dont la nouvelle tradu­ci­ton est totale­ment dépourvue.

    exemple :

    dialogue entre Laurie et Eddie Blake (Laurie raconte la scène au Dr Manat­than, c’est donc aussi un monologue de Laurie au Dr Manahattan.

    version Manchette :

    Laurie : Plutôt deux fois qu’une ! ça oui, je veux ! je veux dire quelle sorte d’homme êtes vous pour avoir à forcer une femme… l’obli­ger à avoir des rapports contre sa volonté…

    Blake : une seule fois.

    Laurie (off); une seule fois, comme si, tu sais, c’était mieux que deux fois ou cinquante ! et sa balafre… on aurait dit qu’il ricanait tout le temps.
    J’avais sept scotches dans le ventre, un dans la main… Je lui ai tout balancé.

    (j’espère que ceux qui me lisent peuvent se mettre les images sous les yeux… C’est dans le volume IX, planche 21.

    Traduc­tion Panini :

    Laurie : Ouais absolu­ment sûre ! enfin, quelle nulli­té faut-il être pour se sentir obligé de forcer les filles qui vont font envie ? de leur imposer les rapports ?

    Blake : Juste une fois !

    Laurie : ”Juste une fois!” comme si c’était mieux que deux ou cinquante ! en plus sa cicatrice … lui donnait toujours l’air de ricaner…
    j’avais à la main mon huitième scotch… ”je l’ai balancé”.

    Voilà, j’espère que l’exemple parle de lui-même !

    Quand à savoir le pourquoi de ce change­ment, vu que cette traduc­tion de Manchette est celle que Delcourt avait récupé­ré, je n’ai aucune info sur le sujet, ni une connais­sance suffi­sante des droits édito­riaux en ce domaine… Si quelqu’un a une piste ?

  35. P.S : j’en remets une couche… ”Combien de chefs d’oeuvres de Alan Moore en 46 pgs ?” alors au moins un : The killing Joke, ”Souriez” en V.F, bon on dépasse sans doute un peu les 46 pages, mais c’est un ”one shot” dans l’uni­vers de Batman.

  36. @pierre brrr : ah, je ne le connais pas. Peut-être me faudra-t-il essayer… (Wolf Parade ? Ça date en effet. D’ailleurs il me semble qu’ils sortent un nouvel album sous un autre nom. Il faudrait deman­der à Oslav :-)).

    Pour ce qui est de la trad de Manchette on est en effet confron­té à deux possibilités : 

    • les droits de la traduc­tion n’étaient plus dispo ou trop chers ou je ne sais quoi.
    • ils ont trouvé que ça datait et ils ont voulu rajeu­nir ça. Quoiqu’il en soit, je ne m’étais pas posé la question puisque la trad de Manchette avait fait beaucoup pour la promo­tion du bouquin en France. Un peu dégoû­té je suis.
  37. Oui, quelqu’un a dû avoir la lumineuse idée de trouver la première traduc­tion poussiéreuse.
    Ici, on parle de traduc­tion mais pour qui a les moyens de lire du Moore en VO ne le regret­te­ra pas. il y a une vraie musique dans ses textes, pas forcé­ment facile à retrans­crire. J’ai seule­ment lu V for Vendet­ta et un Top Ten (indis­po­nible en français) en anglais et, sans tout comprendre (loin de là) je n’étais pas non plus perdu.

  38. Dommage que mon anglais ne me permette de lire que les notices de jeux en VO… :-) En tous les cas, le fiston est content, j’ai pu dégot­ter le tome 1 de Top Ten.

  39. Pour l’anglais, faut s’immerger ;)
    Oui, excellent Top Ten. Ajoute 49ers et c’est un chef d’oeuvre. Si elle était sortie en carton­né (à la Watch­men, etc), cette série serait plus connue. Le dernier tome sans Moore est pas mal, moins bien, mais très divertissant.

  40. 49ers est prévu dans mes achats de 2009 (je suis obligé de program­mer très large en ce moment :-)).

  41. Ça serait intéres­sant d’avoir un point de vue paninesque. Il n’y a pas de journa­liste qui traîne par ici ?

  42. Les watch­men, je n’ai jamais accro­ché à l’époque cause des couleurs criardes, du dessin pas très origi­nal. Pas mal de monde (scarce, etc) criaient au génie, mais ça restait trop dans le carcan du super-héros pour moi.
    Le scéna­rio était il est vrai novateur , le décou­page était excellent , tout comme le sera l’adap­ta­tion cinema.

    Dans la même veine graphique (en bd), sous de très bonnes couver­tures, une tuerie d’his­toire : Preacher (1997) de Garth Ennis (scéna­rio) et Steve Dillon (dessin). A lire absolu­ment, même si on accroche pas au dessin. C’est déjan­té mais contient un lot de coup de théâtre impres­sion­nant. Le ”Lost” des comics.
    Des person­nages horri­pi­lants (un vampire/​ rocker frimeur par exemple) deviennent super attachants après des flash back.

    Je ne suis plus fan de super héros , et pas plus de traits super épais et de décors approxi­ma­tifs, mais catwo­man ”le grand braquage” est un polar qui se lit très bien, avec des person­nages plus proches de ce genre que du super héros.
    http://​www​.scenea​rio​.com/​b​d​_​1​3​4​6​_​C​A​T​W​O​M​A​N​.​h​tml

  43. Comme je n’aime pas beaucoup Lost – mais j’avoue que j’ai tenu 10 minutes, ce qui était racon­té ne m’inté­res­sait absolu­ment pas.

    Merci en tous les cas pour les pistes…

  44. hérétique ! J’ai toutes les saisons de LOST en coffret DVD (oui ça m’arrive !), je vais te les envoyer… tu vas pas y couper…

  45. Alors, ça fait quoi de savoir que les scéna­ristes n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe sur cette !?** d’île ?
    Le seul truc qui me turlu­pine, c’est de savoir qui est leur coiffeur.

  46. Désolé d’avoir fait dévier sur LOST. Avec mes compa­rai­sons hasardeuses.…
    Le pire , je n’ai pu suivre cette série, l’ayant pris en cours et en loupant des épisodes, donc a rien compris !. A part qu’il y avait des flash­back /​ coups de théâtre…
    @ Urbatrof : Comme tu t’inté­resse aux théories de Scott Mc Cloud, le travail graphique sur les visages de Darwyn Cooke (Catwoman/​Le Grand Braquage etc) devrait t’interpeller.
    C’est juste au niveau des décors, immeubles, avions, etc que je pose des réserves. (dans /​ Le grand braquage…)
    De la styli­sa­tion, je veux bien , mais là, des fois, c’est limite foutage de gueule (une doc d’avion avant d’en dessin­ner un, non ?) et fait passer le Gibbons de watch­men pour un dessi­na­teur de décor ultra maniaque.….

  47. Désolé de remettre une couche sur la diffé­rence de traduc­tion entre Panini (par un traduc­teur anonyme , qui je pense c’est rendu compte qu’il n’était pas à la hauteur et a préfé­ré faire profil bas) et celle de JP Manchette .

    Mais c’est le jour et la nuit !

    Des exemples comme celui donné plus haut , y en a sur toutes les pages !

    La version Panini est vraiment sans saveur (voir pire)!

    Si vous pouvez lire la version Zenda ou Delcourt , vous REDÉCOUVRIREZ Watch­men à sa juste valeur .

    • Je vais être encore plus désolé parce qu’un connois­seur de la langue anglaise m’a aussi démon­tré que la culture US de Manchette n’étais pas toujours à la pointe et sa traduc­tion dans certains cas approxi­ma­tive voire limite contre­sens – exemples à l’appui. Comme quoi, le monde n’est pas parfait.

  48. Qui dit ”traduc­tion” , dit force­ment ”adapta­tion” .

    Bien sur , rien ne vaut la VO , et traduire , c’est ”trahir” un peu le texte original .

    Un long débat aussi entre le choix de coller mot à mot sur le texte origi­nal , qui donne parfois une phrase morne en français et sans saveur ou s’éloi­gner un peu du texte pour garder le sens du fond de la phrase de l’auteur…

    Bref comme dit plus haut , long débat .…

    Mais bon pour le choix de la VF , je préfère large­ment une version ”approxi­ma­tive” de Manchette qu’une version anonyme foiré voire même ridicule dans certain moment. ;)

  49. Person­nel­le­ment, je ne me rappelle plus avoir été gêné par cette traduc­tion. Ce qui n’est déjà pas mal :-)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise des cookies pour vous offrir la meilleure expérience possible.