Ernest – Gus t.3 (Christophe Blain – Dargaud)

Il m’est arrivé une histoire rigolote il y a quelques jours. Suite à un commen­taire sur mon billet du précé­dent volume de Gus, j’ai réouvert l’album et j’ai commen­cé à suivre Gus qui rentrait dans une banque, qui voyait une jolie caissière, qui commen­çait à la barati­ner et je n’ai pas pu m’empêcher de soupi­rer ”Oh noooon, on ne va pas recom­men­cer avec ces histoires de nanas…” et j’ai refer­mé l’album. Autant dire que je n’étais pas chaud pour acheter ce troisième volume post western et si mon fiston ne m’avait pas barati­né j’aurai passé la main. Et je l’aurai regretté…
Car dans ce nouvel opus, Blain assume mieux le concept western et surtout il traite l’obses­sive obses­sion de Gus pour les femmes comme un compor­te­ment hors norme. Il serait temps. Je n’en pouvais plus de ce monde hallu­ci­né de donzelles faciles et de gars dirigés par leur quéquette. Voilà donc trois histoires : Ernest raconte la jeunesse de Gus et sa rencontre avec un truand recon­ver­ti en proprié­taire de saloon et qui n’en peut plus de voir Gus tomber (ou essayer de tomber) toutes les femmes (les prosti­tuées n’étant pas consi­dé­rées comme ”aimables”, ce qui donne à réflé­chir sur la vision de l’amour de Blain. Et surtout, le problème histo­rique que ça pose pour l’ama­teur de western. Passons). Après avoir échap­pé à la mort, Gus se conver­tit au poker où sa réussite excep­tion­nelle tient au fait qu’il est bien plus préoc­cu­pé par la gente féminine que par son jeu. Jusqu’à ce qu’il tombe amoureux (de Carla Bruni si j’ai bien compris). À partir de là, tout se passe mal. Il perd au cartes et n’a plus sa vista de tireur. L’his­toire de sa déchéance donne un peu plus d’épais­seur à un person­nage qui virait au cartoon. Complè­te­ment plumé, poursui­vi pour meurtre, il accepte une mission ”western classique”: aider des fermiers à se défendre contre le gros éleveur de bétail du coin. Sur cette base clin d’oeil, Gus se retrouve engagé par une femme qui lui rappelle sa mère et qui n’est pas une intel­lec­tuelle blonde et mince (ça nous change) affublée d’ un gamin qui le consi­dère comme un héros mais qui n’arrête pas de souli­gner ses faiblesses. C’est pour moi le retour d’un grand Blain qui ne se contente pas de dévelop­per ses obses­sions mais raconte une vraie histoire western avec des person­nages plus variés et complexes. Le dessin est toujours aussi specta­cu­laire avec un person­nage élastique et de beaux décors. Vivement le tome 4 :-)

tonnerre et éclair

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25 commentaires

  1. J’ai aussi trouvé que le Gus T3 était meilleur que les précé­dents, surtout pour le scéna­rio. Sur le plan graphique, cela ressemble à du ”Morris première manière”, mais je regrette un peu sa période Hop Frog. De toute façon, son style évolue et c’est réjouis­sant. Chris­tophe Blain est le ”grand classique” des années 2000.

  2. Ah, les grands esprits se rencontrent. Par contre, j’ignore si on peu le classer dans les ”classiques” dans un marché BD complè­te­ment morcelé…

  3. je l’ai reçu mais pas encore lu. Mais si je suis bien ce que tu dis c’est l’his­toire d’un cowboy qui échappe à la mort et joue au poker (blueber­ry, le dernier cycle), puis qui perd son habili­té à tirer (dumon­theuil, big foot), ça va la récupé­ra­tion, hein ! Si en plus après il se met à faire le cowboy et à jouer avec les vaches, vraiment là non vraiment.

  4. Je n’ai pas lu en entier Big Foot. J’ai un gros problème avec l’écri­ture de Dumon­theuil (et du coup, je n’en ai même pas parlé sur ce blog).

  5. Ben,finalement Blain-trés en forme,c’est vrai-s’est basé sur RANCHO BRAVO où les obsessions,les donzelles,les cowboys tourmen­tés étaient bien en place;le théme est assez fatigant,fort bien repris ici(comme tu le démontres finement)mais fatigant(Isaac son pirate connais­sait ça,aussi;il en est resté en cale sèche);quelle belle évolu­tion cela dit,et ”specta­cu­laire” pour évoquer son dessin est terri­ble­ment juste,on le sent chez lui comme le prolon­ge­ment de son écriture,le résul­tat-en mouve­ment-de 10,15 ans de dos courbé(sur la planche).

  6. Tiens, c’est vrai que le rapport à la femme était déjà très présent dans Rancho Bravo (mais c’est un peu obliga­toire c’est Blutch) sans le côté coureur de jupons.¨Personnellement, je consi­dère que Isaac est tombé un peu en rade quand les persos ont pris des tournures de super héros. On retrouve d’ailleurs cette théma­tique dans le tome 2 de Gus mais de manière plus cartoon.

  7. je viens de finir ce tome 3 et je dois dire qu’en effet je rejoins votre avis sur le fait que c’est le meilleur des 3. J’ai bien aimé les deux premiers aussi (le premier faisait plus recueil que longue histoire d’ailleurs) et défini­ti­ve­ment j’aime son trait bien dynamique qui sait devenir précis ou pas selon les besoins.

  8. Je viens de l’emprunter à la biblio­thèque, sans grand enthou­siasme, n’étant pas grand fan de Blain ni de Gus, mais ayant déjà lu certains de ses albums par curiosité…
    Côté histoire, la première partie (avec l’ex bandit tenan­cier de saloon)
    m’à embar­qué. Après cet épisode, cela m’est tombé des mains…
    Côté dessin, les person­nages épurés ça en jette ; Il manque je trouve toujours un peu de dévelop­pe­ment graphique en ce qui concerne les chevaux, les décors …
    Je redoute ce que devien­drait la B.D avec les futurs auteurs qui commen­ce­raient à se nourrir de Sfar et de Blain au lieu de Moebius et Hermann.…

  9. Je pense que c’est un faux débat. Le problème du dessin réaliste dans la BD s’est posé avec l’aban­don de l’appren­tis­sage du figura­tif dans les diverses écoles d’Art. Depuis, chacun fait sa petite forma­tion person­nelle. On remar­que­ra que les dessi­na­teurs qui sortent de la forma­tion anima­tion sont souvent les plus classiques du fait de leurs études. Et on m’a rappor­té qu’à une époque, ”ils” toisaient de haut les dessi­na­teurs de BD consi­dé­rés comme incultes en anato­mie et mouve­ment. Giraud et Hermann ont litté­ra­le­ment inven­té un genre. Ils n’ont pas suivi de forma­tion spéci­fique (si ce n’est la Jijéenne mais leur dessin est quand mm très éloigné de ce que faisait Jijé en BD), il se trouve qu’ils avaient des aptitudes et une grande curio­si­té. Je ne vois pas pourquoi les jeunes dessi­na­teurs ne pourraient pas faire aussi bien (s’ils ont le talent). 
    Commen­cer par dessi­ner comme Sfar ou Blain n’a rien de honteux si on est capable de trouver sa propre person­na­li­té. Je suis beaucoup plus frustré par une certaine critique qui semble incapable de recon­naître un dessin pauvre d’un dessin intéressant.

  10. Je n’oppo­sais pas le style de dessin réaliste aux autres. (et encore j’ai failli mettre Chéret en seconde propo­si­tion, parce qu’après Giraud,je ne trouvais pas de nom)
    Je trouve le dessin de Blain intéres­sant en ce qui concerne les person­nages, et je trouve ses décors et acces­soires graphi­que­ment pauvres
    ‑quite à faire encore le vieux con- bien Loin de ceux de Moriss (de la grande époque).
    Les person­nages de Blain ont une vrai person­na­li­té, et son far-west manque de poids.
    L’inverse de Blanc-Dumont, quoi…

  11. C’est vrai que chez Blanc-Dumont, ce sont les chevaux qui ont de la person­na­li­té (ouf ouf ouf). Je ne serai pas aussi sévère avec les décors westerns. J’ai déjà dit que je trouvais que la série dans les précé­dents volumes utili­saient le western plus comme un décor qu’autre chose mais je ne le trouve pas plus pauvre dans ce dernier tome qu’un Morris.

  12. C’est vrai que je me suis un peu empor­té, avec mes commen­taires à l’emporte-pièce !
    Il y a dans ce tome de GUS que j’ai parcou­ru à nouveau hier de superbes atmosphères graphiques et western(la ville sous la pluie, référence à Open Range, non?), la poursuite du groupe de cavaliers, etc…
    Mais il n’y a pas UN seul dessin de Colt plus poussé que les autres, (alors que l’ auteur se permet des sautes de style avec des visages plus réalistes).
    Le dessin du Colt en couver­ture, celui tenu par gus quand il menace la fille, ou qu’il apprend à tirer, auraient fait profi­ter toute l’histoire
    d’être réali­sés occasion­nel­le­ment de manière plutôt réaliste.
    Que l’on sente le poids, le métal de ces objets, sur quelques gros-plan…
    Idem pour quelques acces­soires de décor western (portes de saloon, planches de bois, etc…)

  13. par rapport à tout ça j’ai envie de dire que d’une part je pense que ça peut être un peu voulu dans le sens où le genre western est telle­ment évoca­teur pour n’importe quel lecteur que tout le monde voit au delà du dessin la ville dans laquelle le perso évolue, les objets etc.

    D’un autre côté en refusant de détailler ou de person­na­li­ser les lieux ou les décors, il fait référence en perma­nence à des arché­types. Peu importe le nom de la ville où on se trouve, c’est une ”petite ville de l’ouest”, il joue avec les codes et s’en sert comme décor pour son intrigue, mais comme décor au sens propre, pas comme d’un univers dans lequel il place ces person­nages. Finale­ment le décor pourrait être en carton dans Gus, ça gêne pas tellement.

  14. Ben,moi,j’aime autant l’envo­lée d’un BLAIN que le poids,le contem­pla­tif d’un BLANC-DUMONT(avec cette chère et regret­tée Laurence Harlé).
    Et le western d’un Jean Claude Poirier m’a autant plu que le dessin(ah,y en a qui aime pas,je suis pour ma part entiè­re­ment rentré dans son style depuis ”ombres & désirs”)de MARC-RENIER(”black hills”)qui va dans le sens le plus réaliste et évoca­teur du genre:Poids des manteaux,le choix des tissus qui influent dans la démarche des person­nages etc…Est-ce que le genre n’est pas qu’une toile de fond pour BLAIN ?

  15. @kris : bah, ça ne me gène pas parti­cu­liè­re­ment. La fasci­na­tion pour le dessin des armes de cette époque peut tourner au ridicule. Dans les Blueb, les armes n’ont pas non plus une grande prédo­mi­nance. Mais c’est le choix de Blain et je ne trouve rien à redire personnellement.

    @julien : oui et non. Les clins d’oeil au genre sont quand même nombreux. Mais il est un peu ”à côté” du genre, il n’y a pas à dire…

  16. Oui/​non. J’ignore si c’est vraiment PASSIONNANT à vivre ou si c’est juste agréable d’assis­ter à une espèce de perfor­mance (j’ai pas réser­vé ma place…).

  17. @ li-an :
    Je ne parlais pas d’une fasci­na­tion des armes en tant que telle.
    Il n’y a pas d’uti­li­sa­tion obses­sion­nelle du portrait non plus chez Gir,
    et pourtant trois ou quatre portraits poussés de son héros dans un album
    (époque cycle du trésor) suffi­saient à nous mettre le person­nage en tête.
    Blain utilise dans Gus T3 des arché­types du cinéma western : le tireur qui apprend à dégai­ner, le face à face et le défi par le regard des supers tireurs entre eux…
    J’accepte le parti pris de style de l’auteur de Gus, mais je suis certain que sont message serait plus fort si QUELQUES éléments étaient plus détaillés et documen­tés, et encore pas sur toutes les cases !
    Celle que tu présente n’en as pas besoin .
    Dans wallace et groomit, le style n’est pas réaliste, mais bien des objets font sentir le poids de leur matière, et ça renforce le senti­ment de réalité.

  18. @ julien

    En plus , j’aime bien Blanc-Dumont.
    Ses crayon­nés aperçus dans des fanzine sont extraordinaire.
    Il gagne­rait à encrer de manière plus souple , et à se lâcher un peu sur l’expres­sion de ses personnages. 

  19. @kris : je vois ce que tu veux dire mais je ne crois pas que ça intéresse Blain… ni la plupart de ses fans :-). Quant à Blanc-Dumont, il faudrait que j’essaye de lire ça un jour…

  20. J’ignore si cette série pourra te toucher, mais je te conseille forte­ment de commen­cer par les premiers ”Jonathan Cartland”.

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