Hopper au Grand Palais

Je n’ai jamais caché sur ce blog mon peu d’inté­rêt pour l’Art non figura­tif. Pas que je consi­dère cette approche comme inutile ou artifi­cielle, c’est juste que mes goûts ne me portent pas vers l’abs­trac­tion pure en peinture. Je suis d’une généra­tion qui l’a toujours connue et il est donc diffi­cile de croire en une ”avant garde” ou une ”évolu­tion naturelle” qui serait non figurative.
Edward Hopper s’est retrou­vé confron­té à l’irrup­tion de la peinture abstraite alors qu’il cherchait à s’impo­ser en tant que peintre figura­tif. Ça n’a pas dû être facile tous les jours et vague­ment frustrant j’ima­gine… Ses peintures sont devenues des icônes de la solitude urbaine, de l’envers du rêve améri­cain, de la nostal­gie du roman/​film noir et en entrant dans l’expo­si­tion, on a un peu l’impres­sion de tout connaître de lui. Exposi­tion qui m’a paru bien fichue au passage – et c’est rare que je m’en rende compte – avec beaucoup de choses (peintures d’autres artistes, photo­gra­phies…) qui expli­quaient claire­ment ses influences et ses recherches.
Ce qui m’a le plus laissé songeur, c’est que dans sa palette et ses couleurs, j’ai retrou­vé toute une filia­tion avec l’école Pyle/​WyethGround Swell est tout à fait dans cet esprit de lumière et de cadrage et il aurait été amusant/​judicieux de montrer une peinture d’un de ces illus­tra­teurs. La diffé­rence se fait évidem­ment au niveau de ce qui est montré ou caché. Cette espèce de temps suspen­du, d’attente qui se prolonge, est très éloignée des préoc­cu­pa­tions de dynamisme narra­tif de l’illustration.

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Ground Swell

Finale­ment, ce sont les gravures exposées qui m’auront fait le plus d’effet. la science du cadrage et des quali­tés de dessi­na­teur de Hopper sont évidentes et m’ont tout de suite donné envie de dessi­ner – ce qui est toujours excellent signe. Elles restent tout à fait modernes et font évidem­ment penser à l’école graphique de hachures néo post Associative.
Reste que Night Hawks est effec­ti­ve­ment impres­sion­nant et qu’il manque New York Movie.

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En bonus, l’expo­si­tion Bohême, toujours au Grand Palais, est un foutoir sans nom puisque l’on passe de la repré­sen­ta­tion des bohémiens dans la peinture à la bohême des artistes parisiens avec un focus sur Rimbaud et Verlaine avant de termi­ner sur Carmen et Esmeral­da – une salle sans aucun intérêt. On y verra quand même quelques très belles peintures dont La diseuse de bonne aventure de Georges de La Tour – qui justi­fie le dépla­ce­ment à elle seule – et des carica­tures de Daumier réjouissantes.

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5 commentaires

  1. Hopper, je demande à voir de visu. À priori je n’accroche pas à sa figura­tion statique, dans les modestes repro­duc­tions que j’ai pu apercevoir.
    Autant N.C Wyeth que Norman Rockwell me font plus rêver dans leur narra­tion et/​ou la repré­sen­ta­tion d’une Amérique fantasmée.

    Un grand merci pour les exemples de gravures, pleines de vie !

  2. Je partage l’opi­nion de KRIS;et je n’aime pas trop ce courant des expo (qui marchent trés bien par ailleurs) en forme de ”best-of”;mais je ne connais HOPPER(peinture)qu’au travers des reproductions;et d’une fasci­na­tion média,épuisante.
    Est-ce que les gravures sont présentes toute l’année?Effets garantis,oui !

  3. Évidem­ment, si vous trouvez Hopper froid, ça ne va pas vous réchauf­fer des masses. Il ne faut pas l’ana­ly­ser en terme de narra­tion ou de technique mais vraiment sur la construc­tion géomé­trique, le monde comme décor, l’ouver­ture d’une fenêtre – très Moebius ça – etc… Les gravures sont visibles pendant toute l’expo si c’est ta question, Julien.

  4. C’est ”L’Impres­sion­nisme et la mode” que je te conseille d’aller voir à Orsay. Même si ça fait ”best-of”, comme dit Julien, ce n’est pas ininté­res­sant de relire tous ces tableaux. Et il y a la Dame en bleu de Corot. Mmmmmh.

    A voir aussi : Ville­mot à Forney. Superbe !

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