André Pangrani (1965 – 2016)

Je viens d’apprendre la mort d’André Pangra­ni et les lecteurs les plus assidus de ce blog recon­naî­tront le rédac-chef du Cri du Margouillat puis du Margouillat pendant des années. Et le créateur de la revue litté­raire Kanyar. Et un vieil ami d’il y a 30 ans.

Il était une fois, à la Réunion, des étudiants amateurs de Moebius qui se sont rencon­trés par ami inter­po­sé. Un copain du collège de l’époque du Tampon m’avait présen­té André et Gontran Hoarau – dit Goho – tous les deux fans de BD et de Moebius en parti­cu­lier (Goho était plutôt Giraud). On a bien discu­té et quelques jours après, ils sont passés à la case pour qu’on aille ensemble voir l’expo Rock et BD qui allait marquer la naissance du Cri du Margouillat – c’est autour de cette expo que tous les fonda­teurs du Cri se sont croisés et ont décidé de créer le magazine.
André, j’aurais dû le connaître plus tôt puisqu’il était inscrit en DEUG de sciences comme moi sauf que c’était le cinéma qui le branchait vraiment et il séchait allègre­ment les cours de la fac. Il était fan du cinéma de Godard et des bouquins de Vian – ses premiers feuille­tons dans la revue en sont imprégnés.
Cette année là, je me rappelle l’émis­sion de radio qu’il faisait à l’ancien hôtel de ville où je passais rigoler avec lui et Gontran, la peur bleue qu’ils ont eu quand il m’ont encou­ra­gé à prendre le volant juste après mon permis, un lever de soleil sur St Pierre alors qu’il était allé retrou­ver une copine dans une boîte de nuit sur le front de mer et qu’il a mis des heures à en sortir…

illustration pour un des feuilletons
illus­tra­tion pour un des feuilletons

On a toujours beaucoup discu­té – il était aussi disert que moi – sur la BD, Moebius, le cinéma et la litté­ra­ture (il avait décidé de lire les textes anglo-saxons sans passer par la traduc­tion française) – par courrier, au téléphone quand je l’appe­lais pour savoir où en étais le Margouillat dans ses dates de sortie. Il avait une ambition folle pour le Cri qui aurait pu se conten­ter de rester un fanzine BD et l’a trans­for­mé en journal satirique et cultu­rel de belle tenue, nous poussant à aller dans des direc­tions que nous n’aurions pas imaginé.

Après le deuxième festi­val Cyclone BD, il a saturé et est parti rejoindre sa belle à Paris. On s’est un peu perdu de vue, on s’est fâché très bêtement – vraiment pour des broutilles. Et on s’est revu au dernier Cyclone que j’ai fréquen­té, en passant une partie de la nuit à discu­ter comme dans notre jeunesse, dans sa voiture, devant l’hôtel.

Il voulait que j’écrive un texte pour Kanyar et je n’ai jamais trouvé quoi écrire de suffi­sam­ment satisfaisant.
Il pensait, à la sortie de Like a Virgin, que Madon­na allait faire une grande carrière alors que j’étais persua­dé qu’elle était la chanteuse d’un tube.
Je lui ai offert un jour un bouquin qui repre­nait séquence par séquence À bout de souffle illus­tré par des images du film. Il était bien embêté.
Je me rappelle de lui se démenant comme un beau diable pendant le premier Cyclone qu’il portait à bout de bras, embal­lant des paquets pour les invités, le téléphone à l’oreille, s’inquié­tant des arrivées d’avion et des albums bloqués à la douane et, moi, specta­teur impuis­sant lui deman­dant si je pouvais aider…

Il était tout jeune grand-père depuis juillet, il laisse une fille toute jeunotte qu’il ne verra pas grandir. On avait le même âge à quelques semaines près…

Collaborations

J’ai illus­tré de nombreux textes d’André – dont ses feuille­tons – qu’il signait souvent sous pseudo (Alfred Lénine ou Anpa) mais aussi quelques scénarios.
Notre première colla­bo­ra­tion apparaît en quatrième de couver­ture du Cri n°1 où il me sort à l’arrache une idée de ”gag”.

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Jean-Paul Sombre à Cannes (CdM n°2)

Pour le numéro 4, je reprends un scéna­rio d’André qui se passe… à Cannes. Comme il défen­dait vigou­reu­se­ment Serge Clerc contre Chaland à l’époque, je le dessine vague­ment à la Clerc et André sert de modèle au person­nage principal.

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https://​www​.li​-an​.fr/​l​e​-​c​r​i​-​d​u​-​m​a​r​g​o​u​i​l​l​a​t​/​l​e​-​c​r​i​-​d​u​-​m​a​r​g​o​u​i​l​l​a​t​-​n2/

Le Cri du Margouillat n°9

À la recherche de scéna­rio, j’extorque à André un texte à illus­trer. En sort un truc explo­sé dont je suis toujours plutôt fier. Il faudrait que je redes­sine comme ça un jour.

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https://www.li-an.fr/le-cri-du-margouillat/le-cri-du-margouillat-n‑9/

Noël kérosène

Un petit conte de Noël un peu Métal Hurlant où on découvre que la BD fait les enfants heureux…

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https://​www​.li​-an​.fr/​c​o​m​i​c​/​n​o​e​l​-​k​e​r​o​z​e​n​e​-​14/

Nanofiction

Pour le numéro anniver­saire du Cri du Margouillat à venir, on a trouvé que ce serait une bonne idée qu’An­dré y trouve sa place. J’ai parcou­ru les Nanofic­tions qu’il avait postées sur Facebook et j’en ai choisi une impos­sible à adapter en BD mais qui avait l’avan­tage d’être courte. Je lui ai envoyé la version défini­tive hier, qu’il n’a pas dû voir. Mais Appol­lo lui avait fait parve­nir un scan pas nettoyé quelques jours avant et il était content que j’ai choisi ce texte…

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Extrait de la planche à paraître adaptée d’une nanofiction

Vous pouvez lire ces Nanofic­tions ici : https://​www​.facebook​.com/​N​a​n​o​f​i​c​t​i​o​n​s​-​4​1​9​2​8​6​2​3​1​5​7​2​2​4​3​/​?​r​e​f​=​t​s​&​f​r​e​f​=​t​s​&​_​_​m​r​e​f​=​m​e​s​s​a​g​e​_​b​u​b​ble

Kanyar

J’ai déjà posté un essai de couver­ture pour la revue Kanyar. J’avais fait une autre propo­si­tion qu’An­dré avait trouvé un peu trop triste…

projet pour une couverture de Kanyar
projet pour une couver­ture de Kanyar
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6 commentaires

  1. J aurais pu lire tes/​vos anecdotes encore longtemps. Ça me donnait le sourire. Parce que là, j ai franche­ment un noeud au ventre.

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