La Horde du Contrevent (Alain Damasio – Folio SF)

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Voilà un roman de SF français qui aura fait beaucoup parler de lui et que j’aurai mis du temps à lire (Hubert a fini par me convaincre).
La Horde, c’est un groupe d’humains formés dès leur plus jeune âge pour lutter contre le Vent qui souffle en conti­nu et qui rythme la vie d’un monde jamais nommé. Le but de la Horde, c’est de remon­ter jusqu’à l’ori­gine du Vent, de faire mieux que leurs parents dont ils suivent la Trace. Parce que faut pas croire qu’ils commencent là où se sont arrêtés les anciens, que nenni… Pour apprendre à maîtri­ser les éléments déchaî­nés, il faut que la Horde refasse tout le chemin des Hordes précé­dentes pour apprendre sur le terrain la réali­té du Vent et espérer ensuite faire mieux.
Menés par Golgoth, le neuvième du nom, une masse de volon­té et de résis­tance, la troupe est compo­site pour mieux s’adap­ter aux diffi­cul­tés. Un Prince chargé des relations sociales, des chasseurs, des cueilleurs, des éléments de résis­tance, une spécia­liste du Vent, un archi­viste chargé de recueillir les infor­ma­tions utiles, un conteur pour les encou­ra­ger et les distraire, un guerrier pour les proté­ger, des porteurs recru­tés sur la route, bref un conden­sé d’huma­ni­té, unis face aux éléments. Et éventuel­le­ment les hommes. Car leur mission sacrée ne plaît pas à tout le monde et il semble­rait que l’on veuille leur mettre les bâtons dans les roues… Et enfin les Chrones, mysté­rieuses créatures aux proprié­tés physiques proches de la magie, qui dérivent dans le Vent…
Bon, autant préve­nir d’entrée, Damasio c’est de l’écri­ture lyrique, des envolées passion­nées, un amour du mot et de la phrase qui ont dû aider à trouver un public enthou­siaste mais on peut ne pas accro­cher totale­ment – voire pas du tout – et trouver par exemple le person­nage de Caracole (le trouba­dour) exaspé­rant (imagi­nez un Fol de Dol de la Quête de l’Oiseau du Temps en plus pénible). Mais on ne peut pas repro­cher à l’auteur de manquer de jouer petit bras. Non content de faire réflé­chir sur la condi­tion humaine, sur les rapports d’un groupe, sur le choix et le destin, il fait du Vent plus qu’un phéno­mène météo­ro­lo­gique mais la force qui régit un monde balayé au point de réécrire une physique et une spiri­tua­li­té (qui englobe évidem­ment la parole : au début le Verbe fut grâce au souffle divin).
Assez curieu­se­ment, le nom de Golgoth m’a fait penser aux dessins animés japonais et je n’ai pas pu m’empêcher de trouver des rapports : des person­nages très carac­té­ri­sés qui travaillent en équipe, des combats en duel specta­cu­laires, un goût du dialogue épuisant, des phéno­mènes poétiques et violents à la fois… Peut-être que Damasio a écrit le premier roman manga. Que ce soit un Français qui ait réussi ce tour de force ne m’étonne qu’à moitié.

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4 commentaires

  1. Je fais fouiller dans les tréfonds du blog pour poser mon avis (qui intéresse tout le monde, bien enten­du)… J’ai fini de le lire hier et il m’en reste un senti­ment mitigé. On ne peut effec­ti­ve­ment pas retirer à Damasio une certaine ambition, et l’his­toire avance bien, avec à chaque chapitre son morceau de bravoure qui propulse le récit, mais je suis plus réser­vé sur tout le côté métaphysique/​mystique qui prend de plus en plus d’impor­tance au fil des pages et qui verse parfois dans l’allé­go­rie un peu mastoc… Par ailleurs, je trouve que la fin fait un peu pirouette de vieille nouvelle de SF, pirouette par ailleurs éventée par la numéro­ta­tion des pages (ce qui ont lu le livre comprendront).

    • Il a les quali­tés de ses défauts : un parti pris fort et une écriture person­nelle qui font qu’on trouve ça génial ou qu’on reste sur le bord de la route. Pour le coup, c’est vraiment un roman ”culte” dans le sens premier du terme.

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