Franquin – chronologie d’une œuvre (José-Louis Bocquet & Éric Verhoest – Marsu Productions)

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Il était là, sous le sapin de Nouel, le beau livre de José-Louis Bocquet et Éric Verhoest consa­cré à l’oeuvre de Franquin. C’est que chez moi, il est capri­cieux le père Nouel. Vous lui comman­dez un bouquin et vous vous retrou­vez avec une sérigraphie…
Réédi­tion du catalogue publié en 2007 à l’occa­sion de l’expo­si­tion Le monde de Franquin à la Cité des Sciences, cette version 2.0 est quand même plus sédui­sante. J’avais d’ailleurs boudé la première version, la trouvant pas assez riche et mal fichue. Ici, nous avons droit à plus de documents et des repro­duc­tions pleine page d’ori­gi­naux magni­fiques et c’est sans conteste un incon­tour­nable pour les fans.
Le bouquin est construit simple­ment : à chaque année corres­pond une parution franqui­nienne avec son histo­rique, ses anecdotes, des extraits d’inter­views de Franquin ou de ses amis et des documents ad hoc. Ça se lit donc très facile­ment et on parcourt les années avec une pointe d’émo­tion – de nombreuses photos permettent de mettre un visage sur le nom – et une admira­tion renou­ve­lée pour son travail. Je n’ai pas acheté les albums grands luxe de Marsu Prod pour plusieurs raisons : c’est bien trop cher pour moi et le format respec­tant l’ori­gi­nal n’est pas pratique au lit. Mais je regret­tais de ne pas pouvoir admirer le travail de Franquin sur la planche. Chrono­lo­gie comble ce manque sans problème.
Du point de vue purement biogra­phique, on n’appren­dra rien de plus : Et Franquin créa Lagaffe de Sadoul restant très large­ment la référence (quand est-ce qu’ils le rééditent celui-là ?). D’ailleurs, la dépres­sion de Franquin n’est pas abordée même s’il nous raconte un de ses cauche­mars – récur­rents chez lui, ce que je découvre – bien gratiné.

Rontud­juuu !! – pour pousser l’hom­mage à son paroxysme, les éditions Marsu Prod ont décidé de faire un clin d’oeil à Gaston. Pour cela, ils ont imagi­né que ce dernier ait eu accès à la maquette et l’ait un peu bouscu­lée. En rajou­tant un ww incon­gru au milieu d’une phrase ou doublant deux fois une image. Quel rigolo ce Gaston ! Ah, on me dit que ce n’est pas Gaston. M’enfin, pour le prix, ils pourraient quand même relire leur maquette – je crois que c’est la première fois que je vois un truc pareil sur un livre.

Un bon conseil de tonton Franquin – Réguliè­re­ment, Franquin évoque dans le livre son abandon de la série Spirou, expli­quant sa lassi­tude et défen­dant la liber­té qu’il y a à faire vivre les person­nages que l’on a créé soi-même. Oui, chers amis auteurs, Franquin consi­dère qu’il y a plus de liber­té et de créati­vi­té à faire vivre son propre monde. C’est une belle leçon à méditer – je sais, c’est la crise, je ne vais pas donner de leçon alors que j’attaque moi-même des petites vieilles dans la rue pour leur voler leur sac… Mais quand même. Liber­té. Création. Rappe­lons aussi que lorsque Franquin a repris Spirou, c’était un gamin qui faisait ce boulot pour le plaisir et pour vivre, pas pour faire vivre une indus­trie. Je suis d’ailleurs frappé qu’il n’y ait pas eu – à ma connais­sance très réduite – de texte sur ces auteurs BD qui ont commen­cé genti­ment dans leurs magazines, pas vraiment conscients que leurs petits dessins allaient les rendre très riches. Une innocence qu’il est mainte­nant impos­sible de reproduire…

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24 commentaires

  1. Ce n’est pas beau d’atta­quer les petites vieilles.
    Ce n’est pas beau non plus de donner des regrets aux idiots qui ont boudé la première ET la deuxième édition(Mais qui ricanent tout de même en pensant à ceux qui ont acheté la première).De gros regrets(Mais mon ”Hausman” est un bijou)
    Le paradoxe Spirou,c’est que c’était son monde,nourri réelle­ment par lui​.Si Spirou,si Fanta­sio ne sont pas nés de ses mains,la série-dans son sens le plus profond-est bien sa création.Mais une création restée symbo­li­que­ment-entre autres-une proprié­té d’un éditeur récla­mant son ”bon droit”.Mais c’est triste comme sa liber­té eut un drôle de prix:Un compo­site de culpabilité,de l’expres­sion plus libérée de la dépression;d’ennui ?
    Pour l’anecdote,une réédi­tion des entre­tiens avec Numa Sadoul est envisa­gée depuis 1998​.Et devait compor­ter quelques chapitres inédits.
    La fin de ton billet est une voie intéressante;nombreux portraits de ”seconds rôles”,disparus,évaporés trés souvent avec les années 70 ont paru dans quelques fanzines attachés aux ”Poches”,la presse catho­lique d’après-guerre…L’ensemble donne cette même idée d’une incons­cience naturelle.D’un jeu.Pourtant même pas agréable.

    • @julien : je pense que comme d’autres, il a pris conscience de ses possi­bi­li­tés artis­tiques… et du peu de débou­chés véritables viables. Sans compter que le succès devait être pesant pour un type qui aimait sa tranquillité.

  2. Plusieurs fois,dans ces entre­tiens il confesse ”ne pas avoir osé” ceci,ou cela;comme répondre aux demandes de Goscinny,ou Cavanna.Parvenir à conci­lier sa tranquillité,oui,avec une exigence absolu toujours poussée plus loin,et le goût de cette innocence condam­née à ne pas réaparaître.Sauf que;avec les ”tifous”,et quelques signes d’accom­pa­gner de nouveau le journal,il avait claire­ment retrou­vé-trop briève­ment-une fraîcheur,et le désir de s’adresser(assumer)à un public de gosses.

  3. Si J.B.Pontalis était encore de ce monde-Saluons-le…-il dirait peut être que Franquin n’a jamais pu tuer le père…Mais l’anarchie,la désin­vol­ture dans la tête,c’est déjà pas mal.

  4. A défaut d’une réédi­tion d’ ”Et franquin créa Lagaffe”,un recueil ”Franquin & les fanzines” est annoncé,regroupant divers entre­tiens parus entre 1971 et 1997 dans ce fandom vivifiant…(Dupuis)

  5. Je n’achète plus rien chez Marsu Prod par principe, leur gestion de l’oeuvre de Franquin m’indigne réguliè­re­ment et ils ont tenté de m’emmerder pour un bête fan-art.

    Sans doute qu’ils s’en foutent, et que je passe à côté de tout un tas de dessins inédits. Tant pis ! Ca m’oblige à m’inté­res­ser à autre chose.

      • @Li-An : ça m’intrigue pour plein de raisons… La moindre n’étant pas de savoir si là juste­ment on ne franchit pas une ligne dans la série Spirou étant donné que l’asso­cia­tion Spirou + marsu­pi­la­mi est exclu­sive à l’œuvre de Franquin… Il y a une question déonto­lo­gique qui m’interpelle.

        • @jérôme : où tu vois de la déonto­lo­gie là-dedans ? C’est juste une histoire de gros sous. Et les auteurs vont expli­quer combien ils sont raaavis de faire vivre le Marsipulami.

          • @Li-An : c’est juste­ment ce qui m’intrigue : quels strata­gèmes tu peux trouver dans ton histoire pour t’appro­prier le truc, sachant que tu dois gérer une décision mercan­tile qui ne t’appar­tient pas. C’est une réflexion un peu tordue, je l’admets.

            • @jérôme : en même temps, tous les auteurs que j’ai croisés qui ont travaillé sur le Spirou moderne récla­maient à corps et à cri la possi­bi­li­té d’uti­li­ser le Marsi­pu­la­mi. Je pense que ça ne va pas leur poser de problème – à part technique pour l’ani­mer de manière intéres­sante. Mais bon, Franquin lui-même recon­nais­sait que le person­nage suivait une évolu­tion dange­reuse puisqu’il devenait de ”plus en plus humain”.

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