1974 (David Peace – Rivages/​Noir)

Edward Dunford c’est le champion toute catégo­rie de la loose. Non seule­ment il a dû quitter le Sud britan­nique pour rentrer au pays (un Leeds froid, humide et gris) mais malgré ses efforts, il n’arrive pas à devenir le journa­liste attitré des affaires crimi­nelles de l’Eve­ning Post. Le meurtre d’une gamine va déclen­cher une longue descente aux enfers où il s’englou­ti­ra avec un masochisme certain…
Heureu­se­ment que j’ai lu ce bouquin à Tahiti avec le soleil qui brillait et les vagues qui chantaient sinon j’étais bon pour aller me chercher une corde. On ne peut pas dire que je sois un grand lecteur de polars contem­po­rain : je suis resté un peu bloqué à Ellroy et tout ce que j’ai pu essayer par la suite m’a vague­ment déçu ( testé par exemple juste après ”Le diable t’attend” de Lawrence Block et bof). Mais là, l’atmo­sphère poisseuse du Nord de l’Angle­terre m’a tout de suite accro­ché. Il faut dire que l’écri­ture de Peace, toute en séche­resse, remuant la fange humaine, nous baladant entre banlieue dépri­mée et hospices défraî­chis, speedée par une bande son d’époque (les chansons ont une très grande impor­tance, malheu­reu­se­ment ma pauvre culture en ce domaine m’a sûrement fait louper de jolies références) nous balade sans possi­bi­li­té de retour. Le côté policier du bouquin est aussi étonnant : alors que l’on démarre sur ce qui semble du serial killer bateau, Peace refuse de jouer sur les clichés et le lecteur n’en saura pas beaucoup plus que l’enquê­teur, englué dans ses convic­tions, perdant les pédales, s’opa­ci­fiant et à la recherche d’une vérité qui lui glisse entre les doigts. Magouilles finan­cières, flics ripoux, complai­sances et compro­mis­sions prennent une ampleur tragique impres­sion­nante. Je suis bon pour aller acheter ”1977”.

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4 commentaires

  1. Halle­lu­jah ! Pour une fois nous allons dans le consen­sus mou. Car là tu touches à un des écrivains contem­po­rains pour lesquels j’ai le plus de respect. 
    C’est signi­fi­ca­tif que tu mentionnes Ellroy plus haut car Peace réalise un peu avec sa tétra­lo­gie ce qu’Ell­roy avait réali­sé avec la sienne : une plongée démen­tielle dans le crime… Je m’emporte mais effec­ti­ve­ment tu es bon pour lire 1977. Et je ne vois pas ce qui pourrait t’arrê­ter là (à part si 1983, le dernier, n’est pas encore dispo en poche). 
    Un sacré écrivain. 

  2. Tu as une drôle de vision de la conver­gence de goût (ça va être coton pour ne pas faire ”mou”) :-)
    As-tu lu Mo Hayder conseillé par l’ami Ogier (de France Info) ? 

  3. Oui, tu as raison, plutôt ”hardboi­led” comme consen­sus. En tout cas, je t’envie, cette tétra­lo­gie est vraiment impla­cable. Non, Mo hayder, je ne connais pas. Une piste à explorer ? 

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