L’Œil de la Nuit t.1 (Lehman, Gess & Delf – Delcourt)

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Contrai­re­ment à une idée répan­due, je ne fais pas souvent des critiques négatives sur ce blog. Mais j’en fais de temps en temps… Et en règle générale, l’auteur visé débarque et je me paie une bonne honte.

Avec Gess c’est encore pire puisqu’il a carré­ment déména­gé à Orléans et nous sommes donc voisins. J’avais expri­mé des réticences sur ses choix graphiques sur La Brigade chimé­rique publié chez l’Atalante et, comme on aurait pu s’y attendre, la série a très bien marché auprès d’un public comics/​SF – je n’avais pas dépas­sé le tome 1.

Gess et son scéna­riste Serge Lehman sont passés chez Delcourt (un retour aux sources pour Gess) pour une nouvelle série plus ou moins dans l’uni­vers de la Brigade intitu­lée L’œil de la nuit. Dans une France Belle Époque, les héros de roman existent… en même temps que leurs auteurs (suivant la logique de Maurice Leblanc qui se conten­tait de rédiger les souve­nirs d’Arsène Lupin – oui, c’est très repom­pé sur Sherlock Holmes). Et donc, La Forge est prêt à racon­ter les aventures de Théo Sinclair. Ça tombe bien, le père de ce dernier qui travaillait sur une machine secrète est agres­sée par une Mata-Hari et en avant pour l’aventure !

On retrouve le format comics et la publi­ca­tion devrait suivre le même rythme – Gess a déjà dessi­né trois tomes ! Après un faux départ, on a affaire à un premier volume avec plein de person­nages extra­or­di­naires qui font leur appari­tion et surtout la ”gesta­tion” d’un nouveau héros : l’Œil de la Nuit !
Globa­le­ment, c’est très agréable à lire, Lehman cite Bergson et réussit quelques séquences inven­tives. Il manque peut-être une petite tension, j’aurais bien aimé un rythme plus enlevé – ça discute beaucoup – mais on ne peut pas tout avoir.

Le dessin de Gess n’a plus rien à voir avec le premier tome des Brigade et il semble parfai­te­ment à son aise avec le format et le rythme de dessins à fournir. En fait, il y a une espèce de noncha­lance speedée assez réjouis­sante, de trifouillage du dessin entre raccour­cis graphiques et sérieux qu’on ne voit pas souvent.

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Chipo­tage : on voit un vendeur de journaux crier les titres plusieurs fois et j’ai lu qu’en France, il est inter­dit de crier les gros titres. Juste le nom du journal et éventuel­le­ment le nom du direc­teur – c’est pour ça que Jane Seberg beugle ”New York Herald Tribune” sur les Champs-Élysées. Et il y a des bas qui me semblent fort contem­po­rains genre inven­tion du lycra.

Je finirai en signa­lant une scène de torture assez hallu­ci­nante – à base de seins – qui justi­fie l’achat de l’album.
C’est Benja­min Carré qui fait la couver­ture et c’est bien dommage parce que Gess est un excellent illus­tra­teur et il aurait sûrement fait un truc sensass.

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15 commentaires

      • On voit que je suis ton voisin : ta féroci­té s’est un peu adoucie.
        °. )
        Te lire écrire que tu es resté sur ta faim me peine… J’ai aimé dessi­ner cette album et surtout y poser ces dialogues d’une rare élégance.
        Merci pour le terme de ”noncha­lance speedée”, c’est une manière de décrire notre série assez juste, autant au dessin qu’au scénario.

        • Pour moi, c’est vraiment un tome d’expo­si­tion avec plein de person­nages à digérer et la naissance du person­nage. J’attends le tome 2 pour me faire une idée plus précise.
          Et je suis toujours aussi féroce :-), c’est ton dessin qui est bien mieux sur ce volume. Féroce mais juste.

    • C’est une pratique que l’on retrouve souvent en BD – on demande à des illus­tra­teurs de faire une couver­ture BD pour gagner du temps et parce qu’on suppose que ça va aider à vendre. Dargaud l’a fait pour Barbe-Rouge ou Tanguy et Laver­dure, c’est classique dans les petits formats de gare et c’est devenu une règle dans les comics. Comme le format – et le public visé – est comics, c’est assez cohérent. Mais c’est dommage parce que j’aurais aimé voir une illus­tra­tion de Gess.

      • Ça craint du boudin. Et c’est franche­ment trompeur pour le lecteur, guère amène pour le vrai auteur-dessi­na­teur, tout ça pour de crasses et mauvaises raisons commer­ciales ! Achète­rait donc un disque de Boulez avec Sheila sur la pochette sous prétexte que les couettes vendent mieux ?

        • Les gens qui font ces décisions ne réflé­chissent pas en terme d’ ”auteurs” mais en terme de marketing.
          Et je te rappelle que ce n’est pas une photo d’une jeune fille devant son piano qui nous dit la quali­té de son travail.

            • Il faut donc écouter le disque pour se faire son avis. Idem pour la BD :-) ou le cinéma ou le roman. Au moins, ça a le mérite d’être clair : une illus­tra­tion ce n’est pas une case de BD :-)

              • Il y a une part d’enga­ge­ment aussi, une respon­sa­bi­li­té à faire une image pour une couver­ture. Pour ma part, c’est une respon­sa­bi­li­té que je préfère ne pas m’impo­ser sur L’Œil de la nuit. Puisque le choix de faire ou de faire faire l’image de couver­ture m’a été propo­sée, j’ai opté pour ”Pas”. Et j’en suis bien content, la couver­ture de cet album me plait beaucoup, et atten­dez de voir les suivantes…
                = )

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