Autoédition 2.0

Alors que la crise frappe éditeurs, libraires et auteurs BD, ces derniers cherchent des solutions pour pouvoir conti­nuer à travailler et, surtout, à vivre de leur travail. Une des pistes possibles, c’est le crowfun­ding, c’est à dire le préfi­nan­ce­ment d’un projet par un groupe de gens, des inter­nautes en l’occurrence. De nombreux sites basés sur le principe ont déjà fleuri sur Inter­net. En général, on propose aux gens de donner une somme pour le projet et, en retour, ils reçoivent des avantages. Pour le jeu vidéo, cela peut être un accès aux versions de travail et même la possi­bi­li­té de donner son avis direc­te­ment aux dévelop­peurs, pour le comics des objets divers – des T Shirts jusqu’à une planche originale.
Le concept n’est pas sans soule­ver des questions de droit : aux États-Unis, le produc­teur possède des droits impor­tants sur la création et dans certains systèmes propo­sés, le donateur prenait les mêmes risques qu’un vrai produc­teur (si le projet n’arri­vait pas au bout, l’argent inves­ti était perdu). Les solutions où le donateur est rembour­sé en cas d’échec paraissent donc les plus appro­priés même si le statut des ”inves­tis­seurs” est encore flou d’un point de vue juridique ‑cf. les excel­lents articles parus dans CanardPC.
Si sur le papier, l’artiste est gagnant – il ne lance le projet que lorsque la somme dont il a besoin est levée – dans la réali­té on voit bien que les finan­ce­ments viables ne sont pas légion. Pour qu’un projet suscite une adhésion, il faut évidem­ment que 1. il y ait suffi­sam­ment de gens au courant, c’est à dire un gros travail de commu­ni­ca­tion et de réseau au préalable 2. que le projet plaise ”au plus grand monde” 3. le finan­ce­ment doit aussi inclure les cadeaux pour les parti­ci­pants. Dans le cas des jeux vidéos, ce sont les projets de suite de vieux jeux déjà cultes qui recueillent le plus facile­ment de l’argent et le comics le plus en vue propo­sait le concept ébourif­fant d’une équipe de base-ball confron­té à des zombies. Et finale­ment, comme beaucoup de concept basé sur le public, on voit bien que les artistes étatsu­niens ont l’avan­tage d’un public poten­tiel bien plus large que le public français.

Mais pourquoi il nous parle de ça se demande le lecteur vague­ment agacé ? Éh bien, vu l’état de mes projets, je me dis que je serai peut-être confron­té à ce choix et, surtout, j’ai reçu un mail de Benoît Sprin­ger qui tente l’aven­ture avec un ebook de cours de dessin à finan­cer sur Ulule​.com.

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à vot’ bon coeur m’sieurs dames
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36 commentaires

  1. Ahah ! Tu vas y venir aussi au Crowfunding ! ;))

    Je me demande, moi, quelles contre­par­ties il faut propo­ser aux gentils ”donateurs”… Est-ce-que ceux-ci attendent un cadeau de la valeur de leur don ou sont-ils juste généreux…?

    Pour le travail de comm’, n’y aurait-il pas un(e) gentil(lle) attachée de presse qui traîne par ici pour nous aider ? ;)

  2. @severine : la généro­si­té a ses limites. Propo­ser des cadeaux permet de motiver le don – le but n’est pas de faire la chari­té mais de donner l’impres­sion de parti­ci­per à un projet.
    Sur un projet de jeu vidéo il me semble, les gens se sont rendus compte que le budget cadeaux plombait le finan­ce­ment du projet original :-)

  3. Bonjour Li-an et merci une fois de plus pour ce coup de projecteur.:)
    C’est un peu le paradoxe du moment : les auteurs n’ont jamais eu autant de moyens de diffu­sion de leur travail à leur dispo­si­tion qu’au­jourd’­hui, mais les moyens finan­ciers sont durs à trouver et néces­sitent bien souvent de faire des commandes d’illus­tra­tions pour finan­cer leur projets. Ce qui repré­sente autant de travail supplé­men­taire. Et, avec Séverine, on s’est posé pas mal de question sur ces soutiens, comment recevoir cet argent, comment le consi­dé­rer ? Comment arriver à ne pas se sentir redevable (ce qui repré­sen­te­rait un poids voir un frein poten­tiel à la création, de mon point de vue) ? Les contre­par­ties ne sont pas simples à déter­mi­ner, chacun ayant son échelle de valeur, on se demande toujours si on en fait trop ou pas assez. Mais bon, ça fait partie des solutions qui doivent être testées. On en est tous là en ce moment, à tâton­ner et expéri­men­ter. On verra quel solution est la plus viable et la plus équili­brée à plus long terme.
    Merci encore de ton intérêt, et n’hésite pas à te lancer, je m’engage à être dans tes premiers soutiens ! ;)
    Benoît.

    • @Benoit : norma­le­ment, tu peux éditer ton commen­taire toi-même pendant quelques heures.

      Il faut du courage pour se lancer dans de telles entre­prises où le travail d’artiste est conta­mi­né par le travail d’édi­teur. En tous les cas, je vous souhaite bon courage. D’un point de vue person­nel, je ne vois guère que des projets peu commer­ciaux à tenter de cette manière…avec peu de chance de trouver beaucoup de soutien vu leur contenu :-)

  4. Pas d’aga­ce­ment, mais un peu de mélan­co­lie dans cette consta­ta­tion : pas mal de gens, ”vu l’état d’avan­ce­ment de leurs projets”, se demandent si ce ne sera pas une solution à envisa­ger… jusqu’à quel point ce système est viable et quelles sont ses limites, on risque donc de le savoir très vite !

    • @Tororo : parti­cu­liè­re­ment en France, très diffé­rente du point de vue du marché des États-Unis. J’ai bien peur que les solutions viables soient complexes à mettre en oeuvre.

  5. y a‑t-il encore des solutions viables ?

    et, pour le moment, je me dis que deman­der 2000 euros à des contri­bu­teurs contre un cadeau (et être payé dès le premier livre vendu) est plus satis­fai­sant que toucher 2000 euros d’un éditeur et attendre qu’il se rembourse pour pouvoir toucher des droits d’auteur.

    • @severine : si ça peut marcher, c’est en effet très intéres­sant comme système. Mais j’ai peur que ça ne fonctionne que pour certains types de projet. On remar­que­ra par exemple que Benoît est ”obligé” de propo­ser des images qu’il ne vendra pas ”à part” plus tard. Mais ce n’est qu’une remarque de chipo­teur idiot :-)

  6. Je serai simpliste :
    Bravo Severine Lambour,bravo Benoit Springer;bon courage,trés sincérement.A suivre,j’espère.

  7. Bonjour Li-An,
    le milieu de la BD est un milieu que je connais bien, ou plutôt que j’ai bien connu. Un pote libraire (de BD, off course), me disait que c’est préci­sé­ment parce qu’il y a 5000 nouvelles BD qui sortent que l’auteur de quali­té et la BD meurent. La BD d’il y a 30 ans (âge d’or du genre autant que son chant du cygne) proté­geait les auteurs (pauvre­ment, comme tous les artistes, mais y avait moyen). Ce n’est pas la BD le problème, mais la place dans notre socié­té aujourd’­hui : de plus en plus nulle et soumise totale­ment au règles du profit. Ce n’est pas nouveau, certes, mais juste­ment les moyens de diffu­sion tendent à gommer tout chemin de traverse. C’est dur, c’est triste, et du coup je me demande si le seul moyen d’y réagir qu’à un artiste honnête, n’est pas juste­ment d’uti­li­ser ce marke­ting contre lui. Donc le crowfun­ding par exemple, mais associé à tous les outils de promo. L’artiste doit devenir un chef d’entre­prise en somme… je me trompe ?
    Amicalement

    • @lashon webde­si­gn : Le problème c’est que l’auteur de BD doué n’est pas obliga­toi­re­ment un chef d’entre­prise doué… Le problème de la surédi­tion c’est qu’on la dénonce en général une fois qu’on est édité, ah ah. Par contre, la perte d’auto­no­mie des auteurs est claire­ment une volon­té d’édi­teurs et la perte de quali­té globale est aussi, malheureusement,dûe au goût du public rassa­sié. Pourquoi les gens préfèrent-ils regar­der une émission débile sur TF1 plutôt qu’un chef d’oeuvre du cinéma en VOST sur Arte alors que les deux sont gratuits et dispo immédia­te­ment au même endroit ? La réponse à cette question explique l’évo­lu­tion de l’indus­trie BD.

  8. Ben oui je sais bien qu’un artiste n’est pas un chef d’entre­prise né, plutôt généra­le­ment le contraire. Et même lorsqu’il ou elle le devient, c’est au passage perdre quelques plumes. Je l’ai vu trop souvent autour de moi. Par contre, je ne mettrai pas sur le compte du public. Aujourd’­hui c’est vrai, mais c’est il y a 30 ans que le bascu­le­ment s’est fait, contre le public de BD, et pas à cause de lui. Du moins en Belgique (la plus grande plate­forme de la BD, suivie par l’Ita­lie et la France). Cela s’est passé par des opéra­tions finan­cières classiques : le rachat des maisons d’édi­tions de BD par les trusts d’édi­tion (française, d’ailleurs) de type Lagar­dère, Hachète, …
    à partir de là, public prêt à soute­nir ou pas, la mort de la BD était annon­cée. C’est tout.
    Tu ajoutes le fait que 5000 BD sortent par an (de la merde évidem­ment), qu’il n’y a pas un public pour 5000 BD/​an, donc on met en avant les plus grosses qui paient (pas les meilleurs, mais celles dont le dessin est moche et qui font grossir le porte­feuille du groupe), et la diffu­sion est assurée pour celles-là.
    C’est aussi vrai pour les livres, etc, etc.
    La diffé­rence entre il y a 30 ans et mainte­nant, c’est qu’en plus cet état de fait a créé une généra­tion de gens qui n’ont plus beaucoup de références cultu­relles, qui ne lisent plus, etc etc. Donc l’indus­trie a réussi à fabri­quer son mouton qui paie et ne veut que du tf1, comme tu dis.

    • @lashon : pour ce que j’en vois, il y a aussi un passage de généra­tion. La BD a été vue comme un truc ringard par la généra­tion manga et le vieillis­se­ment des lecteurs d’une BD classique n’aide pas aux prises de risque. En BD, il y a quand même quelques éditeurs comme Delcourt/​Soleil ou Glénat qui ne doivent pas rendre des comptes à des action­naires même si leur catalogue n’est pas super excitant en ce moment. Disons que la crise accen­tue le phéno­mène d’industrialisation.

      • @Li-An : Claire­ment, la bande dessi­née a perdu la place qu’elle pouvait avoir il y a quelques années, et je ne vois pas comment ça pourra changer de sitôt. Les usages évoluent, les dépenses cultu­relles se trans­vasent d’un média à l’autre, par exemple l’appa­ri­tion du dvd puis du blu-ray, l’explo­sion des jeux vidéo et des séries télé n’ont pas été pour rien dans la crise du disque, à mon avis… Je pense que la bande dessi­née est un peu victime des mêmes phéno­mènes (combien d’articles sur Game of Thrones ? Combien sur Spirou ?), et la surpro­duc­tion n’aide pas. Quand on voit qu’an­ka­ma, qui signait plein de projets il y a quelques années, dit vouloir se concen­trer sur les projets ”trans­mé­dia” qui peuvent toucher à la fois la bd, l’ani­ma­tion et le jeu vidéo, on comprend la place finale­ment très périphé­rique que la bande dessi­née est en train de prendre. Pour le coup on va se retrou­ver dans la situa­tion de l’indus­trie des comics aux Etats-Unis, sans le marché qui va avec.

        • @jérôme : on peut penser en effet que la BD en devenant plus insti­tu­tion­nelle a perdu son pouvoir d’attrac­tion. En même temps, c’est un medium unique qui permet beaucoup de choses. Je ne pense pas qu’elle dispa­rai­tra mais la vie pour les auteurs origi­naux sera plus compliquée.

  9. Oui c’est vrai, j’oubliais ça et restons plus positif. D’ailleurs je suis très contente de voir plein de nouveaux auteurs bourré de talent. Faut parfois chercher au bon endroit, mais ils existent. Et moi (qui déteste les mangas), je devrais me remettre à acheter et lire de la BD… c’est que j’en ai fait une indiges­tion par le passé ;-)))

    • @lashon : il vaut mieux rester positif quand on fait de la création :-) Il y a quelques mangas qui méritent le détour pour ceux qui n’aiment pas. Et il y a en effet toujours de bons albums qui sortent. Suivant ses goûts il peut même y avoir beaucoup de choses à lire – ce n’est pas parce que je suis râleur que tout ce que je n’aime pas n’a pas de valeur.

  10. ça a un côté Pif-Gadget, ces cadeaux, non ? Les libraires ont lancé l’expé­rience des ex-libris il y a quelques années. On a/​j’ai) fini par s’/m’en lasser aussi (surtout quand ils étaient tirés à 350 ex…). Ce que j’attends, c’est juste des beaux libres.
    Je suis en faveur du système d’auto-édition, préfé­rant effec­ti­ve­ment dilapi­der stupi­de­ment ma paye pour un auteur talen­tueux que pour un éditeur qui, à vous entendre, ne veut plus faire son travail de décou­vreur (cela dit, pas sûr que cela règle le problème de surproduction).
    Un système de souscrip­tion ne serait-il pas plus simple et sain pour tout le monde ?

    • @Totoche : sauf que les gens ne pensent pas tous comme toi, ami Totoche. Avoir un petit origi­nal peut motiver les troupes. Un tour par les jeux vidéos – le modèle pour ce genre de pratique – est assez édifiant avec des gens capables de payer des sommes astro­no­miques pour un objet purement virtuel mais en nombre limité – il y a un paradoxe dans cette phrase.

  11. Snif, personne ne pense jamais comme moi, c’est vraiment trop injuste :(
    Bon, vous avez raison d’essayer mais je ne suis pas sûr ‑et je me doute qu’une fois de plus, je dois être le seul à le penser- que le modèle du jeu-vidéo soit trans­po­sable au monde de la BD…
    Enfin bon, j’espère que j’ai tort et qu’on pourra l’appli­quer ensuite à l’auto­mo­bile, la métal­lur­gie, etc…

    Et n’hési­tez pas à me rappe­ler si vous avez besoin de quelqu’un pour casser l’ambiance.

  12. Monsieur Sprin­ger, votre démarche est paradoxale. Je vois déjà une foule de lecteurs et souscrip­teurs virtuels profi­ter de vos précieux conseils de dessin pour se trans­for­mer en une armée de vrais concur­rents avant même que vous ayez sorti votre livre. Drôle de solution à la surproduction.
    Allez, je vais vous soutenir !

  13. Grospa­ta­pouf, merci ! Oui, on pourrait croire que je me tire une balle dans le pied mais en fait, je ne crois pas. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui veulent apprendre à dessi­ner mais assez peu, compa­rés à l’ensemble, qui veulent faire de la BD.;) Et puis, comme je dis toujours, le temps qu’ils ingur­gitent tout ce qu’il y a à apprendre, ça me laisse un peu de marge !:) Encore merci pour votre soutien !

  14. Bah;y a personne pour rappe­ler l’excel­lente série de planches de B.Springer dans ”Pavillon-rouge”..?C’était fabuleux​.Et drôle.

  15. @Julien et Li-An : Merci pour les compli­ments. Je me suis beaucoup amusé à faire ces pages. L’appli­ca­tion est un peu dans le même esprit mais ”en moins drôle !”, pour citer ma chère et tendre…;) Sérieu­se­ment, le ton se veut simple et didactique,et même si je fais quelques bons mots, j’aborde les choses sérieu­se­ment pour être sûr d’expli­quer au mieux les méthodes à appliquer.

  16. Bonjour,

    Pour pouvoir prévendre un livre il y a le bulle­tin de souscrip­tion qui est vieux comme l’édi­tion mais mécon­nu du grand public. sur le principe on n’imprime le livre à la date de fin de souscrip­tion sinon on rembourse.
    Voir par ici pour plus d’infor­ma­tion : http://​autres​-talents​.fr/​a​u​t​o​e​d​i​t​i​o​n​/​C​o​n​s​e​i​l​s​/​B​u​l​l​e​t​i​n​-​d​e​-​s​o​u​s​c​r​i​p​t​ion – 5,23.html

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