La colline des potences, un western de Delmer Daves

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Inspi­ré d’un roman, La colline des potences, une horrible traduc­tion pour The Hanging Tree (l’arbre à pendre), est un western marquant de Delmer Daves sorti en 1959. Cela fait quelque temps que je n’ai pas parlé western ici mais le peu de succès de mon projet de BD dans le genre auprès des éditeurs m’a un peu dépri­mé – et du coup, vous avez loupé des chroniques sur Le train siffle­ra trois fois, L’homme des Hautes Plaines et La rivière rouge. Ça sera peut-être pour une autre fois.

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L’arbre à pendre de l’his­toire surplombe une petite ville minière de chercheurs d’or où vient s’ins­tal­ler le docteur Trail (Gary Cooper grand, maigre, habillé tout en noir et colt au côté) qui cache un lourd secret (il aurait brûlé une maison après avoir tué ses habitants). Il sauve du lynchage un jeune homme, Rune, qui volait de l’or (Ben Piazza) et l’oblige à devenir son servi­teur en échange des soins qu’il lui a prodi­gué – il le tient par le chantage même si Rune ignore que Trail s’est débar­ras­sé dès le départ de la preuve qui l’accable. Trail se révèle un excellent docteur mais une partie de la ville le voit d’un mauvais œil – un prédicateur/​charlatan jaloux (premier rôle de George C. Scott) et surtout Frenchie (Karl Malden excellent dans un person­nage de méchant roublard), une grande gueule violente et lâche.
Quelques temps après, la diligence se fait attaquer par des bandits et la ville part à la recherche d’une jeune fille, Eliza­beth Mahlher (Maria Schell), qui aurait survé­cu. Frenchy la retrouve à moitié morte et aveugle et on l’amène au docteur. Une fois guérie, Eliza­beth tombe amoureuse de Trail qui la repousse, hanté par son secret.

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Évidem­ment, la petite ville minière fait penser à Deadwood et le film supporte très bien la compa­rai­son : Trail est en butte à l’hos­ti­li­té de quasi­ment toute la ville qu’il domine avec sa maison sur la falaise. Brutes et femmes de commer­çant ne supportent pas son indif­fé­rence et ses manières autori­taires. Trail est lui-même très étrange, docteur qui ressemble à un tueur à gages, joueur de pocker et homme d’affaires. Confron­té à un person­nage lumineux et optimiste, il se sent perdu. Il faut dire que Maria Schell éclate de fraîcheur et de joie de vivre – on dirait un person­nage de Miyaza­ki. De la même manière, le person­nage de Frenchy est loin d’être tout noir. C’est lui qui découvre et sauve Eliza­beth d’une mort certaine, c’est lui qui lui propose de s’asso­cier dans une affaire et en même temps, sa violence envers les femmes et son désir est effrayants. Dernier person­nage impor­tant, Rune, un jeune homme un peu paumé, qui déteste son rôle de servi­teur imposé et qui finit par grandir et par comprendre les raisons d’agir de Trail.

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La fin est très prenante, une montée de la violence de la foule que rien ne semble arrêter. Vraiment une excel­lente surprise où il y a peu de coups de feu, des scènes d’action très rapides et en mouve­ment, et où, pourtant, on ne s’ennuie pas un instant.

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8 commentaires

  1. Vu en dvd, pas revu quand c’est passé sur arte, je me souviens surtout d’un film visuel­le­ment magni­fique avec un techni­co­lor de toute beauté, et cette ampleur lyrique des mouve­ments de caméra de Daves (qu’on retrouve dans 3h10 pour Yuma, très bon lui aussi).

    • Ah, du coup ça me donne envie de voir cette version de 3h10 pour Yuma. La récente m’avait fort déçu. C’est vrai qu’on sent la profon­deur du paysage…

  2. Adoré ce film-merci v.o.,merci l’époque,merci Arte-où les grands espaces sont sacri­fiés mais s’épanche et indique le pathé­tique de cette petite foule.Le choix de Maria Schell est remarquable.N’importe quelle figure améri­caine-type aurait rendu le récit tiède.
    L’ambi­gui­té des personnages(qui a le bon goût de ne pas apparaitre en coup de théâtre poussif,Malden est un possible salaud-plutôt un pauvre type,trés tôt) ‚leurs contra­dic­tions mises à mal en permanence,une pudique tendresse,etc…J’avoue que la fin m’a bouleversé.Un grand calme aprés cette folie,ce goût du coupable…Dans le genre,l’espèce de prophète-médecin-curé achève de convaincre de l’abso­lue authen­ti­ci­té de chacun de ces carac­tères. ”Les fiançailles de Monsieur Hire” montrent bien ce dont peut être capable un rassem­ble­ment de colères aveuglées…

    • C’est vrai qu’il n’y avait pas à l’époque d’actrice améri­caine avec cette fraîcheur simple. J’ai été impres­sion­né par le maquillage lorsqu’ils la retrouvent à demi morte. Ils l’ont litté­ra­le­ment défigurée.

  3. Excellent film du grand Delmer Daves, remar­quable par l’uti­li­sa­tion des espaces et le travail sur les prises de vues : la verti­ca­li­té qui régit le film et les appari­tions de Cooper en haut de la colline, l’arri­vée de Karl Malden par le coté du cadre… un bémol à mon avis Maria Schell dont j’appré­cie assez peu le jeu ”pleur­ni­chard” A noter qu’il s’agit de l’avant dernier ou du dernier rôle d’un Gary Cooper vraiment crépusculaire.

    • Moi je croyais que c’était Le train siffle­ra trois fois son dernier film mais j’ai lu aussi que c’était celui-là. En fait son dernier film sorti date de 1960, deux ans après celui-là si j’en crois Wikipi­dia. Moi je ne la trouve pas pleur­ni­charde, Maria Schell. Au contraire, elle est rayonnante.

  4. Disons un des derniers, Le train siffle­ra trois fois est de 52, La colline des potences de 58 et il tourne­ra encore dans quatre films en 59 et 60. Pour Maria Schell le avis reste­ront parta­gés, je la trouve peu convain­cante dans son rôle et je préfère nette­ment les person­nages de Karl Malden et de Garry Cooper, bien sur, plus ambigus et plus complexes.

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