Lonesome Dove (Larry McMurtry – Gallmeister)

Au fin fond du Texas, à la frontière avec le Mexique, Augus­tus McCrae – dit Gus – et Woodrow Call, deux anciens Rangers, gèrent leur petit ranch commun à leur manière. Call s’oublie dans le travail et Gus sirote son whiskey sous le porche, discu­tant avec les cochons et atten­dant le coucher du soleil. Jusqu’à ce qu’un ancien copain, joueur de cartes et séduc­teur infati­gable débarque, un shériff aux fesses pour cause de balle perdue retrou­vée dans un dentiste, et leur donne l’idée d’ame­ner leur troupeau au Monta­na, un pays où l’herbe est plus verte. Le temps de faire une razzia chez les Mexicains pour regon­fler le nombre de bêtes et voilà la troupe partie.
Le roman de Larry McMur­try est un western assez étrange. Si les person­nages ont les traits burinés d’authen­tiques cow-boys droits dans leurs bottes, il y aura peu de coups de feu et jamais héroïques. Au contraire, le temps s’écoule lente­ment et monotone pour ces types perdus au milieu de nulle part, sans femmes ni enfants, sans rêve parti­cu­lier à part regar­der passer le temps en travaillant comme un fou comme Call ou en espérant un tout petit événe­ment qui distin­gue­rait la journée pour Gus. Le monde de leur jeunesse a dispa­ru, Comanches et autres Peaux-Rouges se voient repous­sés dans leurs réserves et la coloni­sa­tion est en marche. Call, qui a lutté pour ça, n’y voit aucun mal. Gus, bavard impéni­tent, sait ce qu’ils perdent et qu’ils ne retrou­ve­ront jamais.
Mais il ne faut pas croire que l’on s’ennuie. McMur­try décrit chaque person­nage avec une minutie maniaque et amusée et on finit par devenir des proches intimes de chacun des prota­go­nistes, par connaître tout de leurs petits travers, de ce qu’ils aiment manger ou de ce qu’ils portent et l’his­toire de leur chapeau, si elle le mérite, sera narrée par le détail. C’est à travers cette accumu­la­tion de petits faits que le lecteur finit par croire qu’il chevauche au côté de Call, qu’il rigole avec Gus et qu’il a une chance avec Lorena. Parce qu’il y a des femmes dans Lonesome Dove. Des putes peut-être mais les seules femmes que la plupart de ces hommes connaî­tront jamais. Amoureuses, désirables, salopes, démer­dardes ou les quatre à la fois, elles sont comme un caillou dans une chaus­sure. Leurs ambitions et leurs désirs ne sont pas ceux des hommes et elles les obligent à douter de leurs choix.

Un roman western qui est plus qu’un western, aussi long qu’un coucher de soleil sur le Rio Grande, aussi drôle qu’un serpent à sonnette dévoré par un cochon, plein de person­nages secon­daires qui prennent tout l’espace le temps d’un ou plusieurs chapitres – les aventures du grand frous­sard shériff Roscoe et de la gamine qui fait tout à sa place sont irrésis­tibles – un grand bouquin – et je n’ai pas encore lu le tome 2.

McMur­try est connu pour avoir coscé­na­ri­sé Broke­back Mountain et il a aussi écrit La dernière séance. Plusieurs ouvrages repre­nant les person­nages de Lonesome Dove ont été publiés, portant sur diffé­rentes périodes de leur vie, et tous adaptés pour la télévi­sion US – dont une mini série avec Robert Duvall, Tommy Lee Jones, Diane Lane, Anjeli­ca Huston et Chris Cooper, excusez-moi du peu. Seul Lonesome Dove est dispo­nible en roman traduit.

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12 commentaires

  1. (ça défou­raille un peu plus dans le tome 2)(si je me souviens bien)

    Lonesome Dove ça avait vraiment été une de mes très bonnes surprises quand je l’avais lu il y a quelques années. McMur­try dose très bien le grand spectacle et l’intime, en restant toujours au niveau de ses person­nages… Le voyage devient de plus en plus psycho­lo­gique au fur et à mesure et la saga finit sur une note assez poignante.

  2. Non non, il y a mainte­nant quatre romans de Larry McMur­try traduits chez Gallmeister.

    Si tu ne l’as fait déjà, la lecture du tome 2 te resèrve quelques surprises…

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